Vanitas Vanitatum, des Vanités au Cabinet de Réflexion.
Colonne d'Harmonie

Mozart - Requiem - Lacrimosa
 

D’un premier coup d’œil sur les images que vous avez en main, je pense que vous identifiez un décor de vous connu comme étant celui du cabinet de réflexion.
Or en entrant, en tant que profane, dans ce qu’on allait m’apprendre être justement le cabinet de réflexion, j’ai eu le sentiment d’entrer dans une peinture – peinture d’un genre particulier qu’on appelle «vanité» - et qui a, bien sûr, conditionné mon séjour en ce lieu.
La Vanité, telle que vous la voyez sur les fig 1 et fig 2 est une peinture du genre nature morte à implications religieuses, morales ou philosophiques.

FIG 1 (généralité)

la

Peter van Steenwyck (Holl) : Vanité (1650, Belfort)

FIG 2 (généralité)

1b

Damien Lhomme(Fr) : Vanité (1641, Troyes)

S’il est concevable de reconstituer une quelconque nature morte célèbre avec de vrais objets, en décoration, au cinéma, voire un tableau complet, comme la publicité a depuis peu abusé, reproduire une vanité, en tant que telle, est extra-ordinaire.
Amateur que je suis de cette idée pirandélienne de me promener à l’intérieur des tableaux, je ne m’attendais pas à m’y exercer, ici, au début de mon initiation.

Bien sûr, la constitution du décor du «Cabinet de Réflexion » n’est pas de reproduire une Vanité – en tant que reproduction de tableau - mais, au demeurant, ne connaissant pas ce qui y a présidé, je ne pouvais me fier qu’à mes sens et à ma connaissance de profane.
De toute façon, en présence d’objets qui manifestement sont déposés là, sans hasard, avec intention, le spectateur, mis en leur présence, s’interroge. Ces objets évoquent à première vue, un par un ou par association, un sens que seule notre culture, consciente ou inconsciente, peut nous révéler.
Le rituel en usage ici le décrit comme étant «une pièce tendue de noir, éclairée seulement par la flamme d’une bougie et, autant que possible, isolée des bruits de l’extérieur. Il n’est meublé que d’une petite table et d’un siège, tous deux peints en noir. Eventuellement se trouvent sur la table un crâne humain, du sel et du soufre et aussi un sablier, du pain et de l’eau. Un coq peut être dessiné sur les murs sur lesquels peuvent se lire, d’une part la devise «vitriol », d’autre part quelques maximes. Comme on le voit, cela laisse une large place à l’interprétation. Les didascalies de l’édition 5979 précisent que le cabinet «est une petite pièce où ne parviennent pas les bruits du dehors et que meublent seuls une table et un siège, sur la table une lampe à lumière douce, de quoi écrire, du papier et une sonnette. Traditionnellement se trouvent aussi un crâne humain (ou un squelette), un sablier coulant en une demi-heure, et aussi des objets symboliques, tels que du pain, de l’eau, du sel et du soufre. (Bien entendu, il faut éviter tout poison, comme le mercure). Sur les murs, il est habituel que se lisent des maximes etc. etc. ».
En me voyant donc ici dans cet antre, devant la chandelle, le crâne, le miroir et les coupes, les divers écrits affichés, j’appliquais les codes de la peinture de Vanité comme maintenant, en voyant une Vanité, elle me rappelle ce cabinet de réflexion qui me la fait voir sous un nouvel éclairage.

Pour ne pas allonger mon propos, j’ai mis en annexe quelques explications sur ce qu’est la peinture de vanités.(dernière page)
Examinons-en quelques traits dans leur rapport avec le cabinet de Réflexion.
Et d’abord, en regardant les fig.3 et 4 :

FIG 3 (la niche)

roestraten

Pieter Gerritsz Roestraten (Holl)

Vanité (fin XVIIème, Paris)

FIG 4 (la niche)

andriessen

Hendrick Andriessen (Flamand) :

Vanité (début XVIIème, Gand)

La niche.
Dans la composition de ces peintures, on a affaire généralement à un insert fait sur les objets comme seul sujet qui élimine tout décor et focalise la réflexion. Les objets sont disposés dans une niche ou posés sur la table d’une alcôve, comme dans un coin de l’atelier du peintre où la lumière est quasi absente.
Les vanités d’un genre un peu différent comme les portraits de Saint Jérôme ou de Marie-Madeleine, de la Mélancolie ou du philosophe dans son cabinet rembranesque ne sont jamais loin également du tombeau.
Dans les fig.5 et 6 (mais également les 3 premières figures) on distingue une chandelle.

FIG 5 (la chandelle)

3ac

Pieter Claesz (Holl) : Vanitas (1625, Haarlem)

FIG 6 (la chandelle)

3b

Pieter Claesz (Holl): Nature morte à la vanité (1629, Usa)

La chandelle est, dans cette optique, moins les prémisses de la Grande Lumière que l’équivalent de la montre (présente aussi dans ces 2 fig.) ou du sablier (fig.7), voire de la peau découpée du citron que Claudel comparait au ressort d’horlogerie. Et si elle n’est pas encore éteinte – malgré le vent qui s’infiltre ici, lors de mon initiation, tel le hèbèl ou hèvèl des hébreux qui revient tant dans les paroles de l’Ecclésiaste - elle fume ou fumera, pour se dissiper en voltigeant avant de disparaître. Nombreuses sont les Vanités personnifiées par un fumeur (qu’on rapprochera de toutes les figures d’enfant jouant avec une bulle, ou cette bulle même figurant (Fig.3 et 5).

FIG 7 (le crâne)

4a

Philippe de Champaigne (Fr) :

Vanité (XVIIème, Le Mans)

FIG 8 (le crâne)

4b

Jan Saenredam (Holl) :

Une tête de mort (fin XVIème, BN)

Le crâne, visible un peu partout sur ces images et particulièrement dans les fig 7 et 8, je l’ai déjà abordé dans une autre planche comme étant celui du 1er maç.'.. Le peintre lui donnera valeur de caducité de la vie mais aussi de vie éternelle surtout en l’entourant d’épi de blé ou d’une couronne de laurier (fig.3)
S’il peut encore impressionner le bourgeois de 1740 qui ne l’a pas vu banalisé par les pyramides de crâne d’Ispahan (décrites par I.Kadaré : La Pyramide, p149…) ou dans la vidéo au ralenti du journal de vingt heures montrant comment une balle le perfore, est-il encore nécessaire si l’on dispose d’un miroir ? Car d’un regard aiguisé, on doit pouvoir distinguer, dans le reflet de son visage, du derme transparent et de la chair colorée, que ce crâne est dessous.

Justement, le miroir fig.9 ou 10 est utilisé par le peintre comme symbole de sagesse (parce qu’il réfléchit), de prudence (comme le rétroviseur), mais aussi de luxure (attribut de Vénus) ou d’orgueil (où l’on se mire tout en parure), et il exprime non plus le «speculum sine macula » du Moyen-Âge mais encore l’illusion (illusion notamment que le temps ne ravage notre image et qui nous fait ignorer l’insignifiance des apparences). C’est aussi un de ses objets manufacturés que le peintre dispose, comme ces coupes ici, qui dit la fragilité, car s’il ne se brise pas, finit par perdre son éclat et ne reflète plus que l’idée d’une splendeur passée dans la vitrine des musées.

FIG 9 (le miroir)

bigot

Trophime Bigot (Fr) :

Allégorie de la mort ou Vanité (1625, Rome)

FIG 10 (le miroir)

boullogne

Madeleine Boullogne (Fr) : Vanité ( fin XVIIème,

Mulhouse)

Les phylactères, on en aperçoit sur les fig.11 et 12 mais aussi sur les autres.

Si la vanité s’accompagne souvent de la représentation de livres figurant la vanité du savoir, elle use originellement d’un motto sur un papier plié ou déployé – non plus support trompe-l’œil de la signature de l’artiste -, un petit papier qui livre la clé du message et qui évoque la mort, tiré de l’Antiquité ou de la Bible (Vanitas, vanitatum…Un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort, Cogita mori ), un écrit que l’assemblage d’objet va finir par supplanter tant le spectateur de l’époque est habitué à lire le symbole. Aujourd’hui, où la parole s’est aussi perdue, on serait parfois content d’y retrouver ces iconotextes pour saisir l’intention du peintre.

FIG 11 (les phylactères)

6a

Frans Ryckhals (Holl) : Nature morte (début XVIIème, Dunkerque

FIG 12 (les phylactères)

6b

Linard (Fr) : Vanité (1644, France)

Après ce petit inventaire du tableau à usage de réflexion, en voici une :
La métamorphose
Le cabinet de réflexion se présente comme une nature morte, au sens du genre de peinture, dont le terme plus approprié du vieux français «la vie coye » ou la traduction du hollandais « stilleven » : la vie tranquille, est plus juste que celle d’objets inanimés…
Dans cet espace silencieux donc, la permanence des objets présents et représentés – ne sont-ils pas d’ailleurs là depuis la construction de ce T.'. , en 1964 et peut-être proviennent-ils du T.'. précédent de la rue Sylvestre-Lasserre ? - à part bien sûr le squelette qui ornait ce cabinet et qui fut enterré rue de Verdun à Deauville par le F.'.Jouanneau en 1939 dans l’urgence - cette permanence n’est-elle pas instable ? D’une instable immobilité.

FIG 13 (métamorphose)

7a

Jan II de Heem (Flamand) : Nature morte aux fleurs, Vanité

(1685, Louvre)

FIG 14 (métamorphose)

7b

Abraham Mignon (All) : Vanité à la souris

(fin XVIIème, Aix en Provence)

Dans le tableau (fig13 ou 14), le pétale de rose va se détacher et la feuille morte tomber, le papillon s’envoler, le sable s’écouler, la fumée de la bougie s’évanouir, l’insecte manger le fruit et le fruit se gâter.
Instable immobilité du cabinet qui dit le temps qui passe puisqu’on y voit figurer la fin de la perspective humaine dans ce crâne.
Instable immobilité du profane puisqu’il est soumis en ce lieu à une intense et active réflexion.
Instable immobilité dans notre initiation, dans ce qui commence littéralement, et qui suggère le mouvement. Qui dit que nous sommes là de passage, dans ce cabinet, comme dans l’existence.
Tous ces éléments de la peinture faussement immobiles, démontrent qu’une métamorphose se produit, comme la nôtre symbolique en ce lieu en tant que germination, par l’épreuve de la terre, en tant que naissance, par ce séjour intra-utérin, en tant que renaissance, par l’expérience de la mort symbolique.
Vanité des Vanités : La Vanité
De celui, qui délivre son message selon sa morale qu’il considère comme vérité et c’est ce qui est agaçant avec tout discours moralisateur de l’Ecclésiaste à Bossuet (Oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre, sermon sur l’ambition, sermon sur la mort), en passant par Pascal (Apologie de la religion chrétienne).
Si on regarde cette autre vanité (fig.15), et des plus anciennes, retrouvée à Pompéi, qui raconte bien l’identité des riches (le sceptre à droite avec ses rubans, apanage des puissants) et des pauvres (le bâton de pèlerin à gauche, du berger ou du philosophe mendiant) face à la mort (le crâne) dont l’âme (le papillon) s’envole suivant la fortune (la roue) de la vie (équilibre et régularité du niveau), et qu’on la replace in situ, c’est à dire, sur la table de la salle à manger, on entend un autre son de cloche (plus celui de l’église, mais de l’heure de la cantine) où elle stimule le carpe diem des convives, qu’il convient de faire bon usage de l’instant avant de ne pouvoir plus en jouir.

FIG 15 (la vanité)

9

Mosaïque de Pompeï (musée de Naples)

FIG 16 (le peintre)

8

Jean-François de la Motte (Fr) : Vanité et trompe-l’oeil
(fin XVIIème, Dijon)

Entre ces deux représentations de la vanité et de la caducité, que faire de son passage ?

Vanité des Vanités : Le Peintre
Si le tableau de Vanité dénonce le vain objet manufacturé, le tableau même en est un où le peintre s’illustrerait comme créateur, rivalisant avec les dieux. Conscient de cela, il pousserait l’illusion jusqu’au trompe-l’œil (comme sur la fig.16), et plus encore en peignant une toile déchirée ou plus ou moins tendue, pour montrer que le matériau est vain, sur la toile véritable dans une mise en abyme subtile qui force l’admiration et dont le peintre peut se vanter…
Une peinture vainement immortelle (et pourtant l’art de peindre s’attache à cette pérennité au contraire d'aujourd’hui où l’éphémère actualité prévaut), une peinture vainement immortelle dépendante de ses matériaux constituants, pigments et support qui la datent, tout autant que son style.
Le statut d’œuvre d’art est un autre et ample sujet qui pourrait s’ouvrir sur cette pensée de Pascal : « Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire point les originaux » (Pensées, 134.77.40, œuvres complètes, Seuil, 1963).
Peut-être alors, est-ce dans sa sagesse que le peintre, allégoriquement, s’est toujours représenté comme un singe (fig.17).

FIG 17 (le peintre)

12

J-B.Chardin (Fr) : Le singe-peintre (1740, Louvre)

FIG 18 (le franc-maçon)

11

Henri Simon Thomassin (Fr) : Le philosophe au miroir (début XVIIIème, Caen)

Vanité des Vanités : l’homme
Si tout est vain, le vaniteux a beau jeu de paraître à son meilleur pour entretenir l’illusion dans un monde social où l’apparence importe, où l’hypocrisie est la règle et où la cohésion sociale préfère un mensonge fédérateur à la vérité qui fâche.
Vanité des Vanités : le franc-maçon (fig.18)
Etant assis dans le cabinet de réflexion, contemplant donc cette vanité, ne suis-je pas moi-même un élément de cette composition, et représentatif de la vanité ?
Vanité d’entrer ici pour améliorer le monde.
Vanité d’entrer ici dans la chaîne de FF.'. illustres de Mozart à Lafayette, de Franklin à Goethe.
Vanité de se distinguer du profane.
Lors du passage sous le bandeau qui a précédé mon initiation, une voix m’a demandé ce que je pensais apporter à la F.'.M.'..
Je suppose qu’on ne s’attendait pas à m’entendre répondre : « Je suis venu vous montrer ce qu’est la véritable Maç.'.», ou «Je suis venu vous apporter la lumière que vous cherchez ».
Et l’impétrant de s’empêtrer dans une vraie-fausse humilité qui allie scepticisme et doute.
Peu instruit de ce qu’est la maç.'., il est difficile de répondre : « être une petite pierre pour la construction de l’édifice » ou «apporter un peu d’amour ».
Entre parenthèses, comme la question est souvent posée aux candidats, j’aimerai bien qu’on m’en apporte quelques lumières.
Plus tard, au terme du 3ème voyage, le V.'.M.'. indique au récipiendaire que son premier geste sera de venir secourir des F.'.M.'. par un don de lui seul connu, tant il est vrai que trop d’ostentation confine à l’orgueil.
Comme trop d’humilité confine à la vanité !
Vanité des Vanités : la Planche
Maintenant que je connais mieux la maç.'., de l’intérieur, qu’ai-je et que puis-je apporter à mes FF.'., à ma L.'., au dehors du T.'. mais également à moi-même ?
La Pl.'., cette Pl.'. est l’occasion de réfléchir sur mes impressions du cabinet de réflexion et sur ce genre de la peinture qu’est la Vanité, de les présenter aux FF.'., à l’usage de leur propre réflexion, notamment sur la signification et l’usage des symboles. C’est le moyen de montrer, dans la présentation d’un genre particulier de peinture, que si ici, tout est symbole, ailleurs, aussi, symbole il y a, et que, sous couvert d’un sujet anodin, ici la nature morte, peuvent se cacher plusieurs strates de signification - et là je prêche pour ma paroisse. Je vous invite donc à poursuivre en dehors du T.'. cette œuvre maçonnique de lire non plus la surface des choses, et à répandre – ne serait-ce que pour vous-mêmes, ces vérités que vous avez acquises.
Vanités des Vanités : la vanité de le dire. Et ce travail n’est-il pas vain ?
Pour clore comme j’ai commencé, avec l’Ecclésiaste, voici la fin de la citation : « Quel intérêt a l’homme à toute la peine qu’il prend sous le soleil ? »
Si cette peine est d’apporter de l’amour, espérons, espérons, espérons …
J’ai dit.
 
La peinture de vanités
Dans la peinture de Vanité, on peut distinguer plusieurs regroupements des objets qui expriment la vanité des biens terrestres (c’est à dire vanité du savoir, du pouvoir, des richesses et des plaisirs), qui évoquent le caractère transitoire de la vie humaine, qui contient les symboles de la résurrection et de la vie éternelle.
Dans un esprit de classification, on a restreint l’essor de la peinture de Vanités à la fin du XVIème et au début du XVIIème siècle en Hollande, alors que de l’Espagne à l’Italie, en passant par la France et les pays germaniques, la fortune du genre a été complète. Il n’est pas difficile de remonter au VIIème siècle avant notre ère, dans la représentation intellectualisée d’offrandes en Grèce, puis à l’époque romaine dans la décoration des habitations-sanctuaires, enfin dans le Moyen-Âge des Danses macabres, pour montrer la pérennité du genre. Ce qu’il est intéressant de savoir c’est que cette peinture est le support d’un message chrétien d’humilité et de Rédemption qui s’appuie sur une tradition antique du vain, du vide et de la destinée. On peut évoquer ici d’une part les écrits d’antiques : Hérodote (Clio, au sujet de Crésus), Juvénal (Satire X, p120, sur Hannibal : « Pesez les cendres d’Hannibal, combien de livres trouverez-vous à ce général fameux », la critique d’Alcibiade, Sénèque (Consolatio ad Marsiam, dans ce que la mort rétablit l’égalité), Epictète « l’existence est vaine, la fortune est instable, l’être se dissout dans la mort » et les stoïciens, et d’autre part ceux de la tradition biblique : L’Ecclésiaste, La tradition de mépris du monde (St Jérôme, St Augustin, le livre de Job XIV : 1-2 :" l’homme, né de la femme, a la vie courte, mais des tourments à satiété ; Pareil à la fleur, il éclôt puis se fane, il fuit comme l’ombre sans arrêt », épître de St Jacques, le Livre de la Sagesse, de la Genèse, d’Isaïe et des Psaumes « ils mourront et en ce jour périront toutes leurs pensées », David, CXLV,4 ) dont se nourrissent effectivement la Réforme (foi, vertus morales, tempérance, fugacité des choses) et la Contre-Réforme (salut après la mort) et en expliquent la fortune. Le commerce avec l’Inde a attisé l’appétit de luxe après les longues guerres de Succession, la Vanité sera autant un moyen de présenter un vaste répertoire d’objets (fleurs, coquillages…) que de se rappeler à la morale.
L’essor des sciences physiques (optique) et médicale (anatomie) renforcent les interrogations sur la nature et sur le corps et influencent de ce fait les peintres (anamorphoses, camera oscura) autant que cette morale.
D’un côté on a la pensée antique basée sur l’homme dans sa recherche de la sagesse et de l’équilibre, où l’au-delà n’est que néant, dénonçant encore l’orgueil et l’outrage fait aux dieux, de l’autre la pratique des vertus et le détachement des biens terrestres et l’idée de Rédemption.
La peinture hollandaise mettra donc les sens, l’activité humaine sous le joug de la précarité (et méfiante de l’imagerie religieuse, y préfère le symbolisme de l’objet) comme la peinture méditerranéenne privilégiera les figures de Saint Jérôme, de Marie-Madeleine et de Mélancolie, le tout pour inciter le non-croyant à la méditation.