MA MER
 

Je suis né à 12 km de la mer. A l’âge de 2 ans, j’ai commencé à en entendre parler. Je venais de rentrer à l’école maternelle publique laïque, gratuite et non obligatoire.

 
Pour voir la mer, il m’a fallu encore attendre quelques années. Après avoir beaucoup travaillé et économisé, mon père avait réussi à s’acheter une auto, une Rosengart. Grâce aux congés payés, je pus voir enfin pour la première fois des pauvres pique-niquer frugalement et des riches se goberger.
 
La plage, le soleil et la mer étaient gratuits, nous pûmes en profiter largement.
 
C’était marée haute. Dès que je mis les pieds dans l’eau, je compris que ce n’était pas pour moi. Tous les vacanciers s’exclamaient, riaient, étaient heureux. Moi, j’avais froid, j’avais peur. Je n’avais qu’une idée : retourner bien vite sur la plage, loin des cris et des éclaboussures.
J’appris plus tard que nous avions eu de la chance, car parfois la mer n’est pas là …

 
J’ai une sainte horreur de l’eau. J’ai reçu ma première leçon de natation à l’Ecole Normale. Malgré ses efforts, mon professeur a dû se rendre à l’évidence, j’étais imperméable à cette pratique. Quand j’ai eu des enfants, pour pouvoir partager leur plaisir, j’ai pris des cours particuliers … sans succès. Quand j’ai voulu emmener mes élèves à la piscine, j’ai suivi un stage pédagogique pour débutants … Je ne sais toujours pas me déplacer sur l’eau. Je déteste l’eau … même à table.
 
J’apprécie les petites traversées en bateau mais j’ai toujours un œil sur les bouées de sauvetage. Je n’irai jamais encombrer les ports de plaisance ni les marinas …
 
A l’âge où « s’amuser tout seul ne suffit plus », comme dirait Brassens, j’ai eu un regain d’intérêt pour le bord de mer.
 
Depuis peu, j’ai renoué avec la plage, non pour me baigner, ni pour y bronzer mais pour pêcher à marée basse. On n’y attrape pas grand-chose, et par conséquent on ne se sent pas trop coupable d'épuiser les ressources piscicoles. On y respire le grand air. Quelquefois la pêche permet d’organiser une agape appréciable.
 
Et pour terminer, je dirai que la mer me donne tout de même de grandes satisfactions. En tant que mélomane, je dois reconnaître qu’il existe un immense répertoire de chansons qui valent le détour.
 
« L’honnêteté et la décence m’interdisant de m’étendre davantage », nous étudierons, si vous le voulez bien, mes FF.'. et mes SS.'., l’étude du texte de cette dernière chanson, en salle humide.

J’ai dit