LE VIN
Colonne d'Harmonie
"Le vin" Georges Brassens
 
"La butte rouge" Marc Ogeret
BANQUET D'ORDRE
agapes
18 DECEMBRE 6008
flacon
Charles-François PANARD 1674-1765

cork

 

banquet

 

tire

 

yeux

 

 

soif

LE VIN EN CHIFFRES

Bien que n'ayant absolument pas le vin triste et bien que ne militant pas au sein de la ligue anti-alcoolique, j'aimerais rappeler que chaque jour sont produits en France 1,6 million de litres de vin dont 715 100 litres de vins d'appellation et 421 918 litres de vins de pays. Par ailleurs, avec 15 cl, soit un peu plus d'un ballon de consommation de vin, par personne et par jour, les Français restent en tête des amateurs de vin dans le monde. Et je ne parle que du vin, car si l'on se tourne du côté des boissons alcoolisées quelles qu’elles soient, on s'aperçoit que les adultes, de 18 à 75 ans, boivent en moyenne 3,3 verres de boissons alcoolisées par jour pour les hommes (vin compris) et 2 verres pour les femmes, consommation légèrement au-dessus de la norme fixée par l'Organisation Mondiale de la Santé qui est de 3 verres pour les hommes et 2 pour les femmes. Vous ne serez donc pas étonné de savoir que les ménages dépensent par an 37 millions d'euros pour l'achat de boissons alcoolisées et que le chiffre d'affaires pour les boissons alcoolisées s'élève à 90 millions d'euros par jour.

A noter, au passage, que 7,8 millions de Français âgés de 12 à 75 ans consomment de l'alcool tous les jours. Or, sur ces 7,8 millions, 4 millions sont considérés comme des consommateurs à risque de dépendance. A cela s'ajoute que l'alcool est responsable de 10 à 20% des accidents du travail, que 100 hommes et 20 femmes décèdent chaque jour suite à une consommation excessive d'alcool ou encore que 3 enfants naissent chaque jour avec une forme sévère du syndrome d'alcoolisation fœtale. Il faut savoir, en outre, que les structures spécialisées en alcoologie accueillent chaque jour 118 nouveaux patients, 3 hommes pour une femme, âgés en moyenne de 40 ans et relativement bien insérés socialement.

Décidément, les Grecs avaient raison, l'alcool est bien un pharmakon, un remède tout autant qu'un poison car capable du meilleur comme du pire.
Un remède car, comme il est mentionné dans les Bacchantes d'Euripide, le vin redonne de la jeunesse aux plus âgés et apaise, chez tout un chacun, tourments et angoisses. Seulement, s'il semble redonner des forces et dissiper les soucis, il faut, cependant, le boire avec précaution afin de ne pas dépasser la juste mesure et cela parce que le vin jette hors de soi et fait de l'homme une véritable "épave", comme on dira plus tard. D'où la nécessité d'une stricte posologie réglant la prise du breuvage et d'une juste mesure afin d'en éviter les effets négatifs.

 

Enivrez-vous

Il faut être toujours ivre, tout est là; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous ! Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.

Charles BAUDELAIRE

baudelaire
Charles Baudelaire par Gustave Courbet

 

L'âme du vin

Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles :
« Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !

Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,

Car j'éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.

Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content ;

J'allumerai les yeux de ta femme ravie ;
A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs.

En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! »

Charles BAUDELAIRE

 
Le vin, boisson des Dieux, est aussi vieux que le monde. Ses origines remontent aux premières civilisations. On en parle dans la Bible, dans le Coran. Le premier vigneron aurait été Noé. Le Dieu du vin, on le retrouve chez les latins sous le nom de Bacchus et de Dyonisos chez les grecs.

Du vin, il y en a de toutes sortes : vin de palme, de noix, de groseilles et j’en oublie sûrement. Mais celui qui nous intéresse ce soir, c’est celui élaboré à partir du raisin, issu de la vigne. Il a fructifié grâce à la terre, au soleil, à la pluie. On fait du vin dans beaucoup de pays, mais pour en faire du bon, il y a des facteurs indispensables : un bon terroir, un bon ensoleillement, de la pluie et un peu de savoir-faire. Le vin, on le retrouve dans toutes les fêtes, cérémonies, célébrations. Toutes les occasions sont bonnes.

Dans les religions, il est représenté comme symbole du sang. Notamment dans la religion catholique où on l’associe au sang du Christ. Mais curieusement le prêtre utilise du vin blanc. Je me suis posé la question : « Jésus avait-il du sang de navet ? » Non. Mais pour des raisons bassement matérielles, si on utilisait du « gros qui tache », le linge dont se sert l’officiant serait souillé. La religion heureusement s’adapte quand c’est nécessaire. Ne dit-on pas la messe du dimanche le samedi soir pour arranger les fidèles ? On peut même assister à la messe à la télé. C’est la religion cathodique !

En Franc-Maçonnerie, le vin est servi pour porter des santés et pour l’occasion, il se transforme en poudre forte. Il est prudent en cette occasion de ne pas trop charger les canons.
Le vin est un des agréments de la vie. Il nous fait rire ; il nous fait chanter et on le chante. Naissances, mariages, enterrements, arrivée dans une boîte, départ à la retraite : on a toujours recours à lui.
Le vin, pour sa fabrication, son élaboration, sa distribution, fait travailler beaucoup de monde : œnologues, sommeliers, taste-vin. Ceux qui fabriquent les contenants (barriques, tonneaux, bouteilles, verres) et cela depuis l’Antiquité.
N’a-t-on pas retrouvé des amphores, des bouteilles avec du vin sous la mer ? Quand j’ai appris ça, j’ai été surpris : je ne connaissais que le veau sous la mère !
Je terminerai cette planche par un quatrain d'un poète inconnu sur la dive bouteille :

" Heureux temps de nos pères qui baisaient des petits culs et vidaient des grands verres. Mais le bon Dieu pour les punir de leur mauvaise conduite a fait les culs plus grands et les bouteilles plus petites. "

dionysos

verre

ptitcul

 

Mieux vaut le vin que la vue.

Le vin qui trop cher m'est vendu,
M'a la force des yeux ravie,
Pour autant qu'il m'est défendu,
Dont tous les jours m'en croît l'envie.
Mais puisque lui seul est ma vie,
Malgré les fortunes senestres,
Les yeux ne seront point les maistres
Sur tout le corps, car, par raison,
J'aime mieux perdre les fenestres
Que perdre toute la maison

Clément MAROT

verres
Ode au vin.

Ah ! Si la Seine était de ce bon vin de Beaune
Et que mon ventre fût large de plusieurs aunes,
Je m'en irais dessous un pont,
M'y coucherais tout de mon long.
Et je ferais descendre
La Seine dans mon ventre
Et si le roi Henry voulait me la reprendre,
Implorant ma pitié, plutôt que de la rendre,
Je lui dirais : "Bon roi Henry
Gardez, gardez votre Paris,
Paris avec Vincennes ...
Mais laissez-moi la Seine."

Emile GOUDEAU
 

cannabis

feuille

cannabis

feuille

 

Le vin est il une drogue comme les autres ?


Une drogue est une substance pouvant modifier l'état de conscience et pouvant engendrer un état de dépendance. Cette définition peut s'appliquer au vin. Mais le vin a-t-il d'autres spécificités ?

La vigne passait dans les religions environnant autrefois Israël pour un arbre sacré, sinon divin. Son produit, le vin était réputé être la boisson des dieux.
Par mode d'adaptation Israël a regardé la vigne comme l'un des arbres messianiques.

Le vin a en occident une forte connotation religieuse. Il est également généralement associé au sang tant par sa couleur que par son caractère d'essence de la plante. Il est en conséquence dit être le breuvage de vie ou d'immortalité. Dans la Grèce ancienne le vin se substituait au sang de Dionysos et remplissait là aussi la fonction de breuvage d'immortalité. Il en va de même dans le Taoïsme.
Les mystiques chrétiens et certains des mystiques musulmans considèrent le vin comme la boisson de l'amour divin, le symbole de la science des états spirituels. Le vin est alors un vecteur de la grâce.

Pouvons nous en déduire que le vin a une place totalement à part dans les intoxicants ?
Et bien pas vraiment, 27 siècles avant Jésus Christ les chinois cultivaient le chanvre pour sa fibre et ses propriétés médicinales. Au cours des invasions de l'Europe par les tribus aryennes celles -ci introduisirent le cannabis et ses différents usages. L'herbe sacrée était réservée aux prêtres et aux chamans. La considération dont elle jouissait alors comme vecteur du divin faisait que tout autre consommateur que prêtres et chamans était condamné à mort.

Au Japon le shintoïsme utilisait le cannabis pour lier les couples mariés et chasser les mauvais esprits. Dans l'hindouisme le Dieu Shiva passe pour avoir ramené le cannabis de l'Himalaya pour la joie et l'illumination des hommes. Les prêtres sâdhus parcourent l'Inde en partageant son usage.
Les zoroastriens de Perse qui seraient à l'origine de l'histoire des rois mages l'utilisaient comme plante médicinale, comme encens, comme huile sainte.

En Europe son usage fut interdit par l'Inquisition qui déclara que quiconque se servait du chanvre pour communiquer, soigner ou dans un autre but était déclaré sorcier.
Alors, non, on ne peut pas dire que le vin ait une place à part dans les drogues que dame nature a mise à notre disposition.

Mais que ceci ne nous empêche pas de l'apprécier pour son goût ou son arôme.

 
A son page

Fais rafraîchir mon vin de sorte
Qu'il passe en froideur un glaçon;
Fais venir Jeanne, qu'elle apporte
Son luth pour dire une chanson;
Nous ballerons tous trois au son,
Et dis à Barbe qu'elle vienne,
Les cheveux tors à la façon
D'une folâtre italienne.
Ne vois-tu que le jour se passe ?
Je ne vis point au lendemain;
Page, reverse dans ma tasse,
Que ce grand verre soit tout plein.
Maudit soit qui languit en vain !
Ces vieux médicins je n'appreuve;
Mon cerveau n'est jamais bien sain
Si beaucoup de vin ne l'abreuve.

Pierre de RONSARD 
vins
Buvons

Buvons, mes chers amis, buvons,
Le temps qui fuit nous y convie;
Profitons de la vie
Autant que nous pouvons.
Quand on a passé l'onde noire
Adieu le bon vin, nos amours;
Dépêchons-nous de boire,
On ne boit pas toujours.
Laissons déraisonner les sots
Sur le vrai bonheur de la vie;
Notre philosophie
Le met parmi les pots.
Les biens, le savoir et la gloire
N'ôtent point les soucis fâcheux;
Et ce n'est qu'à bien boire
Que l'on peut être heureux !

MOLIERE
 
Le vin ne peut-être dissocié de la vigne. La vigne est un important symbole notamment en ce qu'elle produit le vin qui est l'image de la connaissance. La sève qui monte est la lumière de l'esprit, le père est le vigneron, du moins selon les conceptions gnostiques. Le vin sang de la vigne dans lequel on pensait que le feu s'unissait au principe humide et qui exerçait sur l'Ame des effets tour à tour exaltants et terrifiants. Le vin se prêtait à symboliser l'élément Divin dont les anciens croyaient reconnaître la manifestation dans l'épanouissement végétatif.

Quelques soient les sociétés, le vin a été glorifié comme boisson de l'Amour divin car cet amour engendre l'ivresse et l'oubli complet de tout ce qui existe au monde. Les vins, les nectars sont d'origine Ouranienne, liés aux feux célestes.

Dans la Grèce ancienne, le vin se substituait au sang de Dionysos. C'est par le vin porteur de joie que Dionysos enivrait ses fidèles.
Dans la société secrète chinoise le vin de riz se mêle au sang lors du serment et cette boisson communielle permet d'atteindre l"âge de cent quatre-vingt-dix-neuf ans.
Chez les Hébreux, il est l'élément de sacrifice.
Dans la tradition biblique, le vin est symbole de joie.
Pour l'Islam, le vin est utilisé comme symbole bachique, tantôt pour des joies profanes, tantôt pour désigner l'ivresse mystique.
Le vin apparaît dans toutes manifestations, il est la lumière qui brille en tout lieu comme ce soir.

grapes

vine

 

acacia

aubepine

cerise

 

 

reglisse

peche

vanille

Les substances odoriférantes du vin

Extrait d'un fameux livre que je vous recommande : le Goût du vin (1980) par Emile Peynaud, Docteur-ingénieur, un des fondateurs de l'œnologie moderne.

Le vin comprend de nombreuses substances volatiles capables de s'évaporer, de quitter la surface dans le verre ou dans la bouche, et possédant des odeurs. Elles représentent ce qui constitue en majeure partie l'agrément ou le désagrément d'un vin.
La volatilité entre en ligne de compte aussi bien que la puissance aromatique. Quand un vin est servi dans un verre, il se fait un équilibre de répartition entre les molécules volatiles dans la phase liquide et dans la phase gazeuse. Cet équilibre dépend du coefficient de volatilité des substances, de la surface d'évaporation et de son renouvellement, et aussi de la température. Il peut y avoir mille fois moins d'une substance dans l'air au-dessus du vin que dans le liquide. En outre, la répartition des substances odorantes est différente au-dessus du vin et dans le vin.
Les substances odoriférantes appartiennent à diverses familles chimiques : les alcools, les aldéhydes (liquides volatils formés entre autre par l'oxygénation de l'éthanol (l'alcool éthylique)), les cétones, les acides, les esters (résultat de l'action d'un acide carboxylique sur un alcool avec élimination d'eau), les terpènes (hydrocarbure produit par le métabolisme secondaire des plantes) et autres composés.
Travaux pratiques : substances volatiles et odeurs correspondantes.

Acétate d'éthyle : vin piqué
Acétate d'isoamyle : bonbon acidulé
Acétate de phényléthyle : rosé thé
Acide phényléthylique : miel
Acétoïne : amande
Aldéhyde anisique : aubépine
Aldéhyde cinnamique : cannelle
Benzaldéhyde cyanhydrine : cerise
Diacétyle : noisette
Glycyrrhyzine : réglisse
Hexanediénol : géranium
Irone : bois de rose
Oxydes de linalol : camphre
Paratolylméthylcétone : foin coupé
Pipéronal : acacia
Undécalactone : pêche
Vanillal : vanille.

Tout cela manque de poésie, certes, mais c'est la vérité chimique du vin. Encore faut-il distinguer l'arôme du bouquet. Pour faire simple, on désigne par arôme l'ensemble des principes odorants des vins jeunes tandis que le bouquet est l'odeur acquise par le vieillissement qui s'exprime à la longue.
Encore faudrait-il distinguer l'arôme primaire qui provient des raisins, du moût, des pellicules du raisin, de l'arôme secondaire issu des fermentations, des levures, des transformations bactériennes.
Et il faudrait faire la différence entre le bouquet d'oxydation caractéristique des vins vieillis au contact de l'air (vins doux naturels qui ne s'améliorent pas en bouteille mais qui ne perdent pas leurs qualités après quelques semaines dans une bouteille entamée) d'avec le bouquet de réduction qui est le signe des vins vieillis à l'abri de l'air, en fût, en bouteille.
Je vous parlerai la prochaine fois du goût du vin si vous avez encore soif. Buvons, mes Frères, avec notre nez !

 

lejeune
Le jeune dégustateur - Philippe Mercier

pasteur

INSIPIDITE DE L'EAU

Ayant le dos au feu et le ventre à la table,
Etant parmi les pots pleins de vin délectable,
Ainsi comme un poulet
Je ne me laisserai mourir de la pépie,
Quand en devrais avoir la face cramoisie
Et le nez violet.
Quand mon nez deviendra la couleur rouge ou perse,
Porterai les couleurs que chérit ma maîtresse :
Le vin rend le teint beau !
Vaut-il pas mieux avoir la couleur rouge et vive,
Riche de beaux rubis, que si pâle et chétive,
Ainsi qu'un buveur d'eau ?
On m'a défendu l'eau, du moins en beuverie,
De peur que je ne tombe en une hydropisie ;
Je me perds, si j'en bois.
En l'eau n'y a saveur ; prendrai je pour breuvage
Ce qui n'a point de goût ? Mon voisin, qui est sage,
Ne le fait que je crois.
Qui aime bien le vin est de bonne nature.
Les morts ne boivent plus dedans la sépulture.
Hé ! Qui sait s'il vivra
Peut-être encor demain ? Chassons mélancolie.
Je vas boire d'autant à cette compagnie :
Sauve, qui m'aimera !


Olivier BASSELIN

 
Le sang du Christ

La définition que nous donne le dictionnaire est la suivante : Vin de messe, de communion, eucharistique. Vin (habituellement vin blanc en Occident, plus souvent vin rouge en Orient) sans aucun additif, constituant l'une des deux espèces de l'Eucharistie.
« Prenez et buvez-en tous, ceci est mon sang »
Lorsque nous étions enfants, à la messe, nous avons tous entendu cette phrase, qui suit le « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps »
Intrigués de pouvoir manger une hostie mais de ne pas pouvoir boire comme le curé. Chose normale somme toute puisque c'est du vin qu'il boit. Alors d'où nous vient ce rituel digne de nos agapes les plus folles.

La première signification est la reconstitution symbolique de la Sainte Cène
" Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain ; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe ; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant : Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés ". (Mat. 26 : 26-28.)

Dans l'Evangile de Jean au chapitre 6, verset 55-56, nous lisons ceci :
" ...Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle..."
Mais quelle est l'origine de ce rituel ?

Abraham fut le premier à observer le rite du pain et du vin et la communauté d'Israël perpétue encore ce rite lors du Shabbat. Le pain se réfère bien entendu au corps de Dieu et le vin au sang mais aussi à l'alliance du peuple de Dieu.
Le rituel du pain et du vin fut introduit par Dieu comme substitut au sacrifice de l'agneau. Durant le dernier repas qui coïncidait avec la fête de la Pâques juive, commémorant la fuite d'Egypte.
L'origine de la messe est le dernier repas que Jésus a pris avec ses disciples avant sa mort au cours duquel il a institué l'eucharistie. On appelle ce repas la Cène. Il est raconté par les Évangiles.
Plus précisément, Jésus a institué l'eucharistie au cours du repas pascal des juifs qui commémorait la libération du peuple hébreu esclave en Egypte. Il faut donc situer la Cène par rapport à ce repas pascal.

La messe est donc la cérémonie liturgique au cours de laquelle le prêtre célèbre le sacrifice de l'eucharistie, actualisation de l'unique sacrifice rédempteur du Christ.
Une chose est cependant certaine l'expansion de la civilisation chrétienne va être à l'origine de l'expansion de la viticulture dans le monde.
Le vin devint chrétien au début du Moyen-âge et les différents ordres monastiques contribuèrent beaucoup à sa diffusion.

En effet à partir du IVème siècle, le christianisme apporte son renfort dans la valeur attachée au vin et prend la relève de l'Empire romain anéanti. La communion sous les deux espèces, pratiquée jusqu'au XIIIème siècle, sera l'un des moteurs du maintien de la tradition viticole...

Les vrais dépositaires de la qualité sont les moines, qui perpétuent la tradition viti-vinicole. Les cathédrales et les églises étant propriétaires des vignobles, sous couvert de l'activité « vin de messe », les moines s'occupent des vignobles monastiques et contribuent à la naissance de nombreux vignobles de qualité existant encore aujourd'hui.
Le vin de messe est donc à l'origine de bien des grands vignobles français.
Mais je vais essayer ce soir de ne pas vous saouler de mes paroles et je ferai une planche plus complète sur ce sujet lors d'une future tenue. Pour finir, je vais évoquer pour vous un souvenir d'enfance.

Lorsque, étant enfant de chœur j'avais goutté le vin de messe, cela en cachette du curé, je pensais franchir un interdit dans un lieu sacré m'entraînant de manière irrémédiable vers 1' excommunication.
Mais miracle, à part un goût peu agréable pour un enfant de 13 ans, je ne me suis pas enflammé et avec le temps j'ai découvert et pris goût à un bon verre de vin.

Alors ce soir buvons mes frères avec plaisir et aussi modération car notre vin lui n'est pas sacré et ne nous conduira pas à la vie éternelle....
J'ai dit.

lacrima

corkscrew

lacene
La Cène - Dali

messe

vindemesse

 

 

bouchon

censure

Au bal de la Nuits-Saint-Georges


C'était il y a quelque temps, au bal de la Nuits-Saint-Georges que j'ai rencontré la petite Juliénas, une fille drôlement Gigondas, un sacré beau Meursault, bien charpentée, et sous sa robe vermillon un grand cru classé, avec des arômes de cassis et de fraises des bois. On a dansé Anjou contre Anjou sur un Sylvaner à la mode et plus tard lorsque je lui ai proposé de l'emmener dans mon Châteauneuf-du-Pape, elle est devenue toute Crozes-Hermitage !!!
Le temps d'aller chercher un Chablis au vestiaire, de mettre un petit Corton dans ses cheveux, on est montés dans ma Banyuls et on a roulé jusqu'au matin. Ah ! quelle belle journée !
On s'est baladé Entre-deux-mers, il faisait beau, on a Vacqueyras sur la plage, les pieds dans l'eau Clairette, on s'est Pouilly-Fuissé dans les dunes et puis comme le Mercurey montait sérieusement et qu'on commençait à avoir les Côtes Rôties on a décidé de rentrer. Mais voilà, en partant nous nous sommes retrouvé coincés dans les embouteillages, enfin les bouchons, quoi !
Je commençais à Minervois sérieusement et là, Juliénas et moi, nous avons commencé à nous crêper le Chinon.
D'un seul coup elle a claqué la Corbière de la Banyuls et elle est partie ! Je me suis retrouvé comme Maçon.
"Quoi, me suis-je dit, elle s'est déjà Sauvignon avant même que j'ai le temps de la Sauternes !"
Mais je vous Jurançon, je l'avais dans la Pauillac, en effet, j'étais tellement Tokay que j'ai couru après elle dans Lalande et les Chardonnay pour la rattraper. Quand on s'est retrouvés, et que je l'ai vue devant moi en Gros-Plant, je lui ai dit : " Ne fais pas ta Pomerol, et ne t'en va plus Gamay ! " En pleurant, elle est tombée dans mes bras en Madiran: "Ne m'en veux pas, je voulais juste être sûre que ton Saint-Amour était vraiment Sancerre"

Depuis, on ne s’est plus cuités.


 
Le vAin

Le petit tableau ("Nature morte au pain et à la bouteille" du peintre strasbourgeois Sébastien Stoskopff, milieu du XVIlème siècle) représente une bouteille ronde recouverte d'osier à gauche, une grosse miche de pain à droite, au centre en retrait, un verre de vin et, au premier plan, un couteau dont le manche dépasse de la table.

La nature est donc morte.
Mais qui l'a tuée ?
Et comment ?

stoskopff
Par un coup de couteau ? On est ici dans l'art, dans l'artifice et la peinture "au couteau" n'est que trompe-l'oeil pour suggérer la profondeur.
Par empoisonnement ? L'osier qui recouvre la bouteille nous cache son contenu dans lequel un poison a peut-être été versé.
Par étranglement ? Un bretzel américain mal passé aurait pu changer la face du monde... alors une croûte de ce pain rassis...
Par overdose ? Si le verre est encore plein, l'osier de la bouteille ne révèle pas si celle-ci a déjà été vidée.
Par quoi alors ? Ces deux belles miches, ce verre en V, ce couteau phallique feraient pencher plutôt vers quelque infarctus post-coïtal....
Tout semble dans cette représentation célébrer en effet le goût, le plaisir de la dégustation, le plaisir, la vie.
En vain.

Nous sommes au XVIIème siècle et cette peinture a du sens, mort lui aussi à notre perception, mais que son contemporain lisait non comme matériel du repas eucharistique car objets idolâtres des papistes, mais comme représentation d'un des cinq sens travaillant, non pas à quelques troubles, mais rien moins qu'à la perdition de l'âme.
Vanitas Vanitatis.

Ce n'est pas le "goût" ici qui est célébré "à l'œil", mais c'est '"intempérance" qui est montré à l'esprit, aussi bien dans le contenu, - le vin -, que dans le contenant - le verre fragile - et qui devait inciter à la mortification.
Par mortification.
Voilà par quoi mourut la nature.

lubin
Ce tableau appartient à la même famille iconographique que la "Nature morte à l'échiquier" de Lubin Baugin (1610-1663) qui dispose du même répertoire d'objets près d'un échiquier.

Je ne vois pas ce dernier comme allégorie du jeu et du plaisir, mais comme un pavé mosaïque, symbole de mesure et de modération. Et je regarde mon verre de vin...
Un verre, deux verres, trois verres (car ici tout est symbole)...
Nonobstant celui qui disait vouloir vivre dans la plénitude, loin de la demi-mesure, je me contenterai que d'un seul verre, - et vraiment, je serai bien payé de le tenir en votre compagnie ce midi -, et, vous invitant à une même modération, je le lèverai à votre santé...
Portez-vous bien.
J'ai dit.

verre