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buddy

louis

Jazzmen et Maçonneries

Pourquoi ce pluriel singulier ? Quelques points d’histoire…
Il faut d’abord se rappeler que les noirs affranchis, même déjà initiés, n’étaient pas admis dans les loges des Etats-Unis. La Grande Loge d’Angleterre refusera ainsi en 1776 la reconnaissance maçonnique à l’ « African Lodge » de Boston, sans doute premier Atelier noir. C’est donc Prince HALL, noir libre initié en 1775 dans une loge militaire irlandaise alors en résidence à Boston, qui relança la maçonnerie noire. Il aurait reçu les premières patentes en 1787 mais se les vit refuser en 1827 en vertu d’une règle administrative bien pratique qui, suite à la fusion des principales obédiences américaines ne reconnaissaient qu’une autorité par état.

Il existera donc depuis une obédience noire non reconnue qui connaîtra un développement important, les loges « caucasiennes » continuant à refuser majoritairement jusqu’à un passé récent, l’initiation des gens de couleur.
Par ailleurs, aux États-Unis, et plus particulièrement à la Nouvelle-Orléans le succès des loges de Prince Hall entraînera une prolifération de sociétés initiatiques très diverses qui, en fin du 19ème et au début du 20ème siècle, se proclameront maçonniques. Existant indépendamment de la «Prince Hall Masonry», elles avaient cependant une symbolique et des objectifs proches de l’imaginaire maçonnique.
Leur rôle était avant tout d’exercer une entraide entre les membres en organisant des concerts de solidarité pour récupérer des fonds pour les musiciens chômeurs ou les familles en difficulté, ou de trouver de l’embauche aux musiciens, et aussi d’organiser et prendre en charge les obsèques. Pour illustrer cet aspect, un morceau réunissant Louis Armstrong et Sidney Bechet en 1923 évoquait la charrette à bras du marchand de charbon louée dans ces enterrements de pauvres aux frais de la communauté : Coal Cart Blues.

jelly

joplin

 
Louis Armstrong et Sydney Bechet - Coal Cart Blues
 

king

basie

Ces loges intervenaient aussi pour l’accès à l’éducation des jeunes noirs, voire la rééducation des jeunes délinquants dans des organismes bénévoles dont un des bénéficiaires fut un certain Louis Armstrong qui en profitera pour apprendre à jouer du cornet.

Nombre de Jazzmen célèbres devinrent des initiés, tous dans des loges « Prince Hall ».
L’un des premiers et des plus célèbres fut bien sûr Louis Armstrong initié à la fraternité de la «Montgomery Lodge» (dont l’existence est parfois contestée) puis aux "Knights of Pythias". Il expliquera sa démarche par la recherche d’une spiritualité qui manquait aux loges de sa jeunesse, solidaires certes mais aussi et surtout très festives.

Les Jazzmen maçons :

A ce titre et sans garantie SGDGO (sans garantie du GO), citons parmi la majorité des musiciens de la Nouvelle-Orléans se réclamant de leur « loge », Buddy Bolden, King Oliver, et même selon la légende un certain Ferdinand LaMenthe plus connu sous le nom de Jelly Roll Morton ou Scott Joplin compositeur prolifique de ragtimes dont « The Entertainer » musique reprise pour le film l’Arnaque etc…

paul

blake

baker

cab

Bien sûr, j’oublierai dans ma liste de jazzmen maçons des noms importants mais je citerai :

Paul Robeson fut déclaré « Mason at Sight » par la loge « Beta Kappa », sorte de titre maçonnique «honoris causa». Une tradition spécifiquement américaine veut qu'un artiste militant socialiste et persona non grata, très impliqué dans la lutte pour l’émancipation des noirs comme Robeson, pouvait être considéré officiellement comme un «frère» par l'ensemble des maçons de Prince Hall, au regard de son travail et de son action.

Eubie Blake : pianiste de ragtime, showman et compositeur, fut membre de la « Medina Lodge N° 19, Prince Hall Affiliation » et honoré de la très officielle Médaille de la Liberté puis d’un timbre à son effigie en 1995.

William Basie dit le « Count » initié de l’obédience « Prince Hall » et père de tous les big bands actuels, Ellington étant classé à part.

Il faut se souvenir que la composition de Edward « Duke » Ellington (qui termina au 32ème degré), "I'm beginning to see the Light" n'est pas une chanson d'amour comme pourraient le laisser penser les paroles « collées » à la musique par la suite, mais ... que ce morceau est la planche d’impressions d'initiation de Duke Ellington lorsqu'il fut reçu franc-maçon au sein de la Social Lodge N° 1 Washington DC de la Grande Loge de Prince Hall. C’est pourquoi je l’utilise à la Colonne d’Harmonie lorsque l’initié reçoit la lumière.

duke

nat

 

 
Duke Ellington - I'm beginning to see the light
 
oscar

Nat King Cole, pianiste, chef d’orchestre et premier « crooner » de l’histoire du Jazz, initié à la « Thomas Waller Lodge N° 49, of Los Angeles ».

Joséphine Baker, initiée par la loge « Nouvelle Jérusalem » en 1960, qu’on ne présente pas et dont la vie illustrera ses convictions maçonniques et patriotiques (françaises !)

Cab Calloway autre chef d’orchestre célèbre (Eh bah be rebop !) dont la photo en tenue maçonnique avec Milt Hinton et Keg Johnson parut dans « INITIATION MAGAZINE » est devenu franc-maçon en 1937 en même temps que Ben Webster, et Garvin Bushell au sein de la Pionneer Lodge n° 1 de la Grande Loge de Prince Hall à Saint Paul. Beaucoup de musiciens de son orchestre étaient francs-maçons et ils avaient pratiquement tous été admis à Saint-Paul. Ce qui fait qu'à chaque passage dans la région, ils se rendaient à leur loge.

ben
fats

L’énumération serait fastidieuse et nécessiterait d’être musicalement illustrée mais citons quand même comme maçons avérés Oscar Peterson, Thomas Fats Waller, Kenny Clarke, W.C. Handy compositeur des plus grands standards du Jazz, Screamin' Jay Hawkins bluesman mondialement célèbre. Lionel Hampton qui fut 33ème avec le titre de «Grand Inspecteur Général», Chu Berry, mais aussi des jazzmen musiciens ou compositeurs blancs comme Glenn Miller, Paul Whiteman, Irving Berlin, Jerome Kern, Al Jolson

Il faut reconnaître que le besoin de spiritualité des musiciens de jazz plus récents les conduisit plus souvent vers des pratiques religieuses (Islam surtout) ou ésotériques (cultes africains égyptiens, éthiopiens, vaudou) quand ils ne se retrouvaient pas eux-mêmes objet d’un culte panaché avec la religion comme pour John Coltrane qui aurait été initié, dont la musique est toute entière «habitée » et qui a son église de « St John Coltrane » à New York !

garvin
 
John Coltrane - Spiritual
 
screamin

Je terminerai avec 3 points :

• Les temples maçonniques des Etats-Unis, de dimensions confortables et financièrement bien pourvus servent souvent de lieux de concerts profanes pour toutes les musiques donc de Jazz mais aussi jusqu’au hard rock.

• J’utilise toujours pour le 1er voyage des tenues d’initiation le « Masonic Inborn » d’Albert Ayler tiré de son album « Spiritual Unity » : ces titres parlent d’eux-mêmes.

kenny
 
Albert Ayler – Masonic inborn
 
lionel
• Enfin, le Jazz ne serait pas ce qu’il est sans l’inventif F Adolf Joseph SAX, belge de son état et inventeur du saxophone, instrument roi du Jazz. Comme dit Le Chat, « si Adolf Sax s’était appelé Vandenbroucq, Sidney Bechet et John Coltrane auraient été deux fameux vandenbroucqophonistes ».
chandy
aljo
coltrane
ayler
paul
glenn
chuck
sax
kern