ARTHUR GROUSSIER
 
     
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Mes FF et mes SS, je vais vous parler ce soir d’un temps où l’autorité du Grand Maître du GODF était incontestée, d’un temps où celui-ci pouvait rester 11 années à la tête de l’Obédience..

Dans un premier temps, je vous raconterai la vie d’Arthur Groussier, qui mérite le détour ! Nous ferons une petite pause pour le voir et l’entendre. Puis je parlerai de :
1 Son combat incessant pour créer une seule et unique Maçonnerie
2 Les rituels qui ont précédé le Rituel Groussier que nous utilisons aujourd’hui et qui nous permettront d’apprécier le travail réalisé par Arthur Groussier.
3 Les rapports toujours difficiles entre la Franc-Maçonnerie et le pouvoir politique, par le biais de la lettre qu’il écrivit à Pétain en 1940.


Arthur Groussier naît le 16 août 1863 à Orléans. Il entre à l’école des Arts-et-Métiers d’Angers d’où il ressort avec un diplôme d’ingénieur-mécanicien.
Il est initié le 25 mai 1885 à « L’Émancipation » Orde Paris. Il a alors 22 ans. Ne pouvant assister régulièrement aux Tenues de cet Atelier, il s’affilie 4 années plus tard à « Bienfaisance et Progrès », Orde Paris, en démissionnant de « L’Émancipation ».

De 1890 à 1893, il est Secrétaire de la Fédération Syndicale de la Métallurgie. Dès 1890, il milite au PSOR (Parti Socialiste Ouvrier Révolutionnaire). C’est sous cette étiquette qu’il est élu député du Xème arrondissement, en 1893. Mais ce parti, antiparlementariste, qui présente des candidats aux élections ! craint que ses députés ne se « commettent » en profitant de leur nouvelle position. Le POSR fait rédiger une lettre de démission en blanc aux candidats qu’il présente, pour prévenir toute trahison de leur part. Et c’est ainsi que ce petit parti démissionne Groussier et trois de ses amis pour refus de reverser à l’organisation leurs indemnités parlementaires. Groussier justifie son refus par des charges familiales importantes. En 1896, Arthur Groussier crée alors un nouveau parti « l’Alliance Communiste Révolutionnaire», qui, en 1905, rejoint la SFIO qui vient de se créer.

De 1896 à 1922, il est VMde la Loge « Bienfaisance et Progrès ». Délégué au Convent, Groussier propose d’allonger la liste des « délits » maçonniques. C’est ainsi que, pour lui, sont incompatibles avec la Maçonnerie : le mariage religieux, le baptême, la communion, l’enterrement religieux, l’instruction des enfants de maçons dans un établissement religieux.

En 1901, année du vote de la loi Waldeck-Rousseau ou loi des Associations, Groussier demande pour les associations républicaines, le droit de se constituer librement, sans déclaration, dès lors qu’elles ne demandent pas à jouir de la « capacité juridique ». Son argumentation ? En donnant à l’administration les noms de ceux qui sont chargés de diriger l’association, surtout quand elle est politique ou syndicale, on les met à la merci du patronat et on les livre aux licenciements, on prive leurs enfants de pain.

En 1907, il entre au Conseil de l’Ordre avec Marcel Sembat, grande figure de la SFIO. Groussier devient aussi animateur de la « Fraternelle Socialiste ».

Il est vice-président de la Chambre des Députés de 1917 à 1921. Au Parlement, il porte surtout ses efforts sur la législation prud’homale, avec le repos hebdomadaire, la protection des enfants et des femmes, l’hygiène et la sécurité des travailleurs. Son action se tourne également vers l’étude du Contrat Collectif, des conflits industriels. Son grand acte dans ce domaine est le Code du Travail.
Léon Blum dira de lui : « On ne peut pas connaître Groussier sans l’aimer. On ne peut pas connaître Groussier sans le respecter. La sincérité du cœur, la droiture de la raison, la pureté de l’âme éclatent sur son visage, transparaissent dans la moindre de ses paroles. On reconnaît en lui l’homme qui n’a jamais menti, l’homme dont toutes les pensées ont été bonnes, dont tous les actes ont été justes … et l’on sent aussi, sous la tranquillité et la simplicité de l’apparence, l’homme inflexible, incorruptible, qui n’a jamais transigé avec une conviction ou avec un devoir … Personne n’a jamais exercé avec plus d’autorité la fonction difficile qu’il avait à la Chambre, parce que personne n’a jamais disposé auprès de l’Assemblée entière, d’un plus large crédit personnel. Groussier était le Président qu’on ne conteste pas, dont on ne discute pas le jugement, parce que tout le monde le sait incapable de penser autrement qu’avec rectitude, et d’agir autrement qu’il n’a pensé. »

En 1914, il siège aux côtés du Général Galliéni à la vice-présidence du Comité de défense du camp retranché de Paris, au moment de la bataille de la Marne.
En 1925, il abandonne la politique militante et devient Grand-Maître du GODF. Il a alors 62 ans. Il est réélu 3 fois totalisant 11 années de présidence effective [(1925-1926 / 1927-1930 / 1931-1934 / 1936-1939 / 1944-1945)], et devient, en 1945, Grand-Maître d’honneur à vie.

Au début de sa vie maçonnique, il témoigne une certaine désaffection pour les Ateliers de Perfectionnement puis finalement se décide. Les 18ème , 30ème , 31ème et 32ème grades lui sont conférés, je cite, « exceptionnellement, par simple communication ». Il est élevé au 33ème en 1925 et admis au Grand Collège des Rites en 1926. Il en devient le Président et le restera jusqu’en 1952, année où il devient presque aveugle. Il termine sa « carrière » active avec le titre de Grand Commandeur ad vitam.

A la grande époque de la SDN (Société des Nations), il rêve d’une action identique dans le monde maçonnique et juxtaposée à celle de la SDN. Il devient alors l’un des artisans d’une Association Maçonnique Internationale (AMI) qu’il préside de 1927 à 1930. Cette Association disparaîtra en 1940.

En 1938, Groussier propose un nouveau rituel. Depuis 1887, le rituel utilisé était celui de Amiable qui avait adapté le « Régulateur du Maçon » de 1801, version imprimée du rite français codifié entre 1783 et 1786. Le rituel Amiable n’avait été que très légèrement modifié par Blatin en 1907. Cette nouvelle version de Groussier adoptée en 1938 est une tentative de retour aux sources symboliques du système français. Le rituel Groussier est celui que nous utilisons aujourd’hui.

Arthur Groussier meurt en 1957 à l’âge de 94 ans. Il a siégé pendant 28 ans au Parlement et 72 ans sur les bancs de nos Temples. Il est incinéré au Père-Lachaise le 9 février 1957.

 
   
Voix de Groussier : « La Commune » 18 mars 1871 (enregistrement 1930) - Frémeaux et Associés www.audio-archives.com 20 rue Robert Giraudineau 94300 Vincennes - Disque ERSA La Voix des Nôtres V.N 119
   

Voici ce qu’on a dit de lui au cours d’une allocution radiophonique un mois après sa disparition :
« Au physique, un petit homme dont il était impossible d’oublier le visage dès lors qu’on l’avait vu. Le front, grand, intelligent, dominant des yeux bleus magnifiques, aux lueurs tantôt douces tantôt fulgurantes. Le bas du visage était encadré, prolongé, par une moustache et une barbe tôt blanchies mais d’une longueur inhabituelle, qui lui faisaient une allure absolument particulière. Silhouette anachronique sans doute, mais forçant le respect, par je ne sais quel fluide qui en émanait et faisait pressentir l’être extraordinaire, l’homme à part des autres hommes, l’homme dont naturellement la place se trouvait dans le haut, sans discussion possible. »

Notre FJean Lannehard l’a rencontré … Il m’a raconté qu’après la guerre, une légende s’est forgée autour de cette immense barbe ; elle aurait caché des documents de la plus importance pour la Franc-Maçonnerie pendant l’Occupation !

     
 

L’AMI (Association Maçonnique Internationale)

A la suite de Convents qui ont lieu à Paris, Anvers, La Haye et Genève entre 1889 et 1902, la Grande Loge Suisse Alpina ouvre le 1er janvier 1903 un Bureau International de Relations Maçonniques. Son but est de faciliter les relations entre les Puissances Maçonniques adhérentes, de transmettre des informations, de publier un Bulletin en différentes langues et un Annuaire de la Maçonnerie Universelle. En 1918, 29 Puissances Maçonniques sont adhérentes. C’est au Convent convoqué à Genève en 1921 par la Grande Loge Suisse Alpina qu’est fondée l’Association Maçonnique Internationale, soit un an après la SDN.

Groussier tente alors de rapprocher les différentes Obédiences d’un même pays, comme la GLF et le GO ainsi que toutes les Obédiences Nationales. Et il cite fort à propos Anderson : « Vous cultiverez l’amour fraternel, qui est la base, la pierre angulaire, le ciment et la gloire de notre vieille confrérie »

En 1930, invité par la RespL« Le Général Peigné » GLDF, il donne une conférence dont voici quelques extraits :
« Existe-t-il des différences essentielles entre le GO et la GL ? Les obstacles qui les séparent sont-ils insurmontables ? Je ne le pense pas. »
« Pour réaliser l’Unité, il faut la vouloir fortement et être prêts à lui faire des sacrifices de part et d’autre »
« Je ne méconnais pas cependant que les difficultés à résoudre ne soient nombreuses […] Elles seront insolubles si l’on ne fait pas des deux côtés un effort de conciliation fraternelle, si chaque Obédience entend doter l’Unité des seuls caractères qui lui sont propres. Ce qu’il faut, c’est harmoniser ces caractères de telle sorte que les tendances diverses de la Maçonnerie Française soient respectées et qu’elles ne puissent être brimées, ni détruites par l’intolérance des autres. Des accords fondamentaux doivent garantir le libre exercice des rites en usage et je serais l’un des premiers à m’opposer à l’unité de juridiction si celle-ci devait avoir pour conséquence la restriction des droits ou privilèges actuellement dévolus aux ateliers en cette matière. Le respect absolu de toutes les conceptions doit dominer nos rapports nationaux et internationaux. »

Groussier est invité dans les Orients de Belgrade, Sofia, Constantinople, Salonique, Athènes, Budapest, Prague, Vienne. En 1938, au nom du GODF, il présente un rapport intitulé « Recherche des possibilités et des moyens de rapprochement entre les diverses Puissances Maçonniques régulières du Monde ». Nous sommes à la veille de la seconde guerre mondiale et il s’interroge :
« Les humains s’élanceront-ils à nouveau les uns contre les autres et, de leurs propres mains, sous les plus terribles et sanglantes horreurs, enseveliront-ils la civilisation, la culture que nos pères ont si péniblement édifiées et dont nous sommes si justement fiers ?
[…] Dans des circonstances aussi graves, la Maçonnerie a-t-elle fait et fait-elle son devoir ? Elle se prétend une grande puissance morale. Or, à quel moment a-t-elle parlé ? Quand a-t-elle agi ? Pas plus que les églises, elle n’a su accomplir sa mission, en s’élevant contre les intérêts égoïstes et les passions raciales. Profondément divisée, elle ne pouvait agir avec quelque efficacité et elle a été, elle est victime de son inaction. »

Quand Groussier aborde les conditions du rapprochement entre les Obédiences, il doit évidemment traiter la question de la régularité. Mais « quels documents peut-on invoquer pour fixer les conditions de la régularité maçonnique ? » Pour Groussier, seul le document des « Obligations » de 1723 peut être invoqué universellement pour décider de la régularité.
En 1929, la Grande Loge Unie d’Angleterre a édicté huit principes fondamentaux pour la reconnaissance des Grandes Loges qui sollicitent son amitié. « Mais elle n’a pas, s’insurge Groussier, le pouvoir de fixer les principes de régularité s’appliquant à la Maçonnerie Universelle. […] Les points essentiels sur lesquels porte notre désaccord concernent le Livre de la Loi Sacrée, la révélation d’en Haut et la croyance au GADLU et en sa volonté révélée ou plus simplement la Bible et le Dogme. »
« Une première question se pose : en vertu de quelle ancienne obligation exige-t-on la présence de la Bible ?[…] Si loin que l’on remonte dans le passé, on ne trouvera nulle trace de cet usage, et encore moins si l’on remonte au-delà de la Réforme. […] Si nous consultons les manuscrits anglais relatant les « Old Charges » des Francs-Maçons opératifs, que ce soit le « Regius Manuscrit » ou les manuscrits Cooke, William Watson, Tew, nous constaterons que dans aucune des obligations qui y sont contenues la Bible n’est citée. » […] De plus, on sait qu’à ses origines la Grande Loge d’Angleterre ne mettait pas la Bible sur l’autel et c’est seulement en 1760 qu’elle l’a considérée comme une grande lumière. Nous ne voyons aucun inconvénient à ce que les Grandes Loges fassent prêter aux profanes l’obligation sur la Bible, lors de leur initiation. Ce rite peut être recommandé au nom du protestantisme, mais on ne peut pas l’exiger, légitimement, de nous, en vertu des « Old Landmarks » de la Maçonnerie. […] Prendre le Livre Sacré d’une des religions comme principale lumière ne peut pas permettre de réaliser l’unité en cette matière, puisque les hommes se répartissent en de nombreux cultes différents les uns des autres. »

« Par son deuxième principe « que la croyance au GADLU et en sa volonté révélée, sera une condition essentielle pour l’admission des membres », la Grande Loge Unie d’Angleterre ne se contente pas de rappeler un symbole, mais là encore, par la croyance en la volonté révélée, elle affirme le dogme. Ce n’est pas seulement un sens spirituel qu’elle donne au symbole, elle lui applique un sens confessionnel. D’autre part les Obligations qu’elle a adoptées en 1723 déclarent que dans les temps anciens, les Maçons étaient tenus d’être de la religion de leur pays, mais que maintenant il est plus à propos de les obliger seulement à cette religion en laquelle tous les hommes sont d’accord … c’est à dire d’être « des gens de bien et loyaux, des hommes d’honneur et de probité » et Anderson a bien précisé « en laissant à chacun ses opinions particulières »

En conclusion, Groussier interroge encore : « Est-il impossible de nous rendre compte qu’il n’y a pas plus d’Obédience élue que de peuple élu ? […] Voudrons-nous, pourrons-nous, tous, nous rendre compte que le rapprochement ne peut être tenté que s’il est basé sur le respect des croyances et conceptions des divers Rites particuliers, sur la compréhension du développement historique des diverses puissances maçonniques, sur l’estime et la tolérance mutuelles ?
C’est en rassemblant toutes les pierres que les diverses tendances maçonniques, trop longtemps séparées, ont « accumulées et taillées », c’est en harmonisant les efforts de tous ceux qui sont sincèrement et profondément Maçons, « gens de bien et loyaux », que la Franc-Maçonnerie Universelle pourra accomplir « sa grande mission » : bâtir, édifier le Temple idéal qui réalisera l’union des nations, dans la Paix, par la Fraternité des hommes. »

 
     
 

LE RITUEL « GROUSSIER »

Depuis 1938, nous utilisons le rituel « Groussier ». En quoi est-il différent des rituels qui l’ont précédé, ceux de Amiable et de Blatin ?
De ces deux anciens rituels, j’ai retenu l’initiation. Dans ces rituels, l’épreuve de l’eau a lieu au cours du 2ème voyage ; celle du feu lors du 3ème. Il n’y a pas de purification par l’air, pas d’épreuve de la coupe sacrée telle que nous la pratiquons (eau, eau amère, eau sucrée), pas de miroir présenté au profane après la Grande Lumière.

Le déroulement de l’Initiation.
Lors d’une Tenue, un candidat est proposé. L’Atelier vote son admission aux épreuves. Le profane devient alors récipiendaire.
Le récipiendaire est convoqué à la Tenue suivante. Il attend dans la salle des Pas-Perdus. Les trois enquêtes sont alors lues. L’atelier vote à nouveau.
Lors de cette même Tenue, le récipiendaire est amené dans le Cabinet de réflexion et rédige son testament philosophique.
Puis le récipiendaire est introduit dans le Temple. Il subit successivement le 1er interrogatoire, le 1er voyage, le 2ème interrogatoire et le 2ème voyage puis le 3ème interrogatoire et le 3ème voyage.
Les questions à poser au Profane sont inscrites dans le Rituel : 15 au 1er interrogatoire, 10 au 2ème et 10 au 3ème
Pour ne pas appesantir la Planche, je ne vous citerai que les questions décalées et celles qui m’auraient fort embarrassé !

1er interrogatoire
1 Vous avez lu attentivement, sans doute, l’instruction imprimée que nous vous avons fait tenir. Quelle impression cette lecture vous a-t-elle faite ? Quelle appréciation vous a-t-elle suggérée sur la franc maçonnerie ?
2 Comment comprenez-vous le principe de solidarité ?
3 Ne croyez-vous pas que la fraternité entre les hommes comporte des exceptions, à raison des différences de races, de nationalités, de religions ?
4 L’obligation du travail ne vous semble-t-elle pas une déchéance ?

5 Ne pensez-vous pas, en entrant dans la franc-maçonnerie, faire partie d’une société secrète ?
6 Quelles réflexions a fait naître en vous le lieu sombre où vous étiez tout à l’heure ? Avez-vous éprouvé de la frayeur ou de l’appréhension ?
7 Êtes-vous préparé à la mort ?
8 Expliquez et développez votre testament moral et philosophique.
9 Éclairez-nous avec franchise sur votre caractère. Quels sont les défauts, quelles sont les qualités, que vous vous connaissez ?
10 Quelle instruction vous a-t-on donnée ? Dans quels établissements l’avez-vous reçue ?
11 N’avez-vous jamais, volontairement, fait tort à personne ?
12 Qu’entendez-vous par la loi morale ? Quel en est, selon vous, le fondement, et quelle en est la sanction ?
13 Si l’on vous demandait d’exposer votre vie pour sauver celle d’un ou de plusieurs semblables, le feriez-vous ?
14 Avez-vous une croyance religieuse ? Quelle est-elle ? Pratiquez-vous votre religion ? Êtes-vous sûr que l’observance de votre religion est compatible avec la participation à l’œuvre de la franc-maçonnerie ?
15 Quels motifs vous poussent à devenir franc-maçon ?

Après chaque voyage, le VMdemande au profane « Monsieur, quelles réflexions a fait naître en vous ce voyage symbolique ? Pouvez-vous nous l’expliquer ? ».
Et après avoir écouté la réponse du profane, le V?M?lui donne des explications :

pour le 1er voyage
Monsieur, ce voyage symbolise l’enfance. [L’enfant vient au monde nu, faible, incapable de pourvoir lui-même à ses besoins. L’homme et la femme qui lui ont donné la vie ont, par là même, contracté envers lui l’obligation d’assurer son développement physique, intellectuel et moral. Ce devoir, qui les oblige envers l’enfant, les oblige aussi l’un envers l’autre : il est la base de la famille. Privé de lumière, incapable de faire seul vos premiers pas dans la direction voulue, vous figuriez l’enfant dans ce 1er voyage. Les deux francs-maçons qui vous soutenaient figuraient le père et la mère. Ensemble, vous représentiez la cellule du groupement humain, c’est à dire la famille.]

2ème interrogatoire
1 Comment comprenez-vous le caractère et l’utilité du mariage ?
2 Quelles sont les obligations qui incombent à l’homme à raison de la paternité hors mariage ?
3 Devant la morale, la femme est-elle l’égale de l’homme, soit dans la société conjugale, soit en dehors ?

4 Comment appréciez-vous l’avortement, l’infanticide ?
5 Comment entendez-vous le devoir des deux parents envers l’enfant, spécialement le devoir d’éducation ? Ont-ils le droit de maltraiter leur enfant ?
6 Un père, une mère ont-ils le droit d’imposer à leur enfant leurs opinions, leur religion ?
7 Quelle différence établissez-vous entre l’homme et les autres êtres ?
8 Quel est, selon vous, le rôle de l’homme sur la terre ? Que croyez-vous au sujet de ses destinées futures ?
9 Que pensez-vous du suicide ?
10 Comment comprenez-vous les devoirs de votre profession ?

pour le 2ème voyage
Ce voyage symbolise la jeunesse. [L’adolescent doit être préparé à devenir un homme. Ce sera l’œuvre de la Société, qui a le devoir de dispenser à tous les enfants, sans distinction, l’instruction et l’éducation intégrales. Cette mission est remplie par le maître, qui transmet au jeune homme les connaissances acquises par l’effort continu des générations humaines. Le franc-maçon qui, dans ce voyage, vous guidait en vous précédant un peu, figurait l’éducateur. Livré à vous-même, vous auriez marché sans direction et sans but.]

3ème interrogatoire
1 Comment entendez-vous le devoir et le droit du père de famille, le devoir et le droit de la société, en matière d’instruction ?
2 Croyez-vous que l’instruction comporte l’affranchissement de la conscience ?
3 Qu’entendez-vous par le fanatisme et la superstition ?
4 Qu’entendez-vous par la libre pensée ?
5 Qu’est-ce que la patrie ? En rattachez-vous l’idée à l’unité politique, à la communauté de territoire, de race, d’idiome, de croyances ou d’intérêts ?
6 Qu’est-ce qu’un citoyen ? Quels sont, selon vous les devoirs et les droits que ce titre comporte ?
7 L’homme a-t-il des droits naturels, ou tient-il ses droits de la loi écrite ?
8 L’état normal des nations, les unes par rapport aux autres, est-il l’antagonisme ?
9 L’inviolabilité de la vie humaine est-elle, pour vous, un principe vrai ? Que pensez-vous du duel, de la peine de mort, de la guerre ?
10 Qu’est-ce que le progrès ? Le considérez-vous comme une loi fatale de l’humanité ?

pour le 3ème voyage
Ce voyage représente l’âge mûr.
[Envers la famille qui l’a élevé, envers la Société qui l’a instruit, l’homme a contracté lui-même de grands devoirs. Isolé, comment parviendrait-il à les remplir ? Sujet à la défaillance et à l’erreur, son effort resterait vain. Il le fécondera en l’associant à l’effort de ses FF C’est par la solidarité humaine que pourra être réalisée l’œuvre de perfectionnement individuel et de progrès social ; c’est par elle que l’Humanité sera un jour plus éclairée et plus fraternelle. Le voyage que vous venez d’accomplir symbolise cet effort collectif.]

Le candidat prête son engagement après avoir bu le calice d’amertume. Il a dans la main gauche un compas ouvert dont une des pointes est tournée vers le sein gauche. Sa main droite touche la lame d’un glaive qui est déposé sur le Livre des Règlements de l’Ordre.
La version définitive du rituel Groussier, légèrement aménagée dans la forme sous l’autorité de Paul Chevalier, est imprimée et diffusée à partir de 1955.


 
     
 
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LA LETTRE À PÉTAIN

1940, le 7 août, Arthur Groussier, Grand-Maître, aidé du Secrétaire du GO, le FVillard, écrit à Pétain pour lui annoncer la fin des travaux maçonniques, de la propre initiative des Loges, soit 6 jours avant la promulgation des lois vichystes dissolvant la franc-maçonnerie.
Cette lettre a suscité de nombreuses controverses. Je vous cite les passages qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salive :

« Devant les malheurs de la Patrie, tous les Français doivent consentir les plus grands sacrifices …
Si pénible que cela nous soit, nous croyons accomplir notre devoir présent en nous soumettant à la décision du Gouvernement français concernant la Franc-Maçonnerie du Grand Orient de France …
Dans l’impossibilité absolue de réunir l’Assemblée ou le Conseil qui détiennent les pouvoirs statutaires de décider en cette matière, mais nous appuyant sur la confiance qui nous a été maintes fois accordée et prenant l’entière responsabilité de notre charge, nous déclarons que le Grand Orient de France cesse son fonctionnement …
Et la formule de politesse : « Nous vous prions, Monsieur le Maréchal, de bien vouloir agréer l’assurance de notre profond respect. »

En novembre 1941, le FVillard est condamné à trois mois d’emprisonnement pour propos tenus contre l’armée allemande puis sur appel, acquitté en conseil de guerre. En 1942, Villard et Groussier, sous menace d’arrestation, sont obligés de signer l’engagement de ne pas rencontrer d’autres maçons.
En 1945, certains termes de la lettre « sacrifices », « soumettant » et « profond respect » leur sont reprochés.

C’est le cas à « L’Étoile des deux Pôles » lors de la Tenue du 19 août 1945. Le VMlit « la lettre au Maréchal » puis une brochure émanant du « Comité d’Action Maçonnique » ayant pour titre « la lettre au Maréchal et la responsabilité des signataires devant le prochain Convent». Après échange de vues, les FF de l’At se prononcent pour le renouvellement intégral du C de l’Oet donnent au Fdélégué au Conv, le FLetavernier, mandat impératif (souligné dans le Tracé) pour voter contre le renouvellement des FF Groussier et Villard.

Lors de l’Assemblée générale du 18 septembre 1945 à Paris, le FGroussier s’explique.
« Mes FF, je ne comprends pas votre passion. Je dis que le Maréchal avait été vice-président du Conseil dans le dernier ministère qui a précédé le sien et qu’à ce moment-là on ne le considérait pas comme indigne de respect. J’ajoute que, dans ce ministère, il y avait un homme qui, je pense, s’il avait considéré le Maréchal comme méprisable n’en aurait pas été : c’est le Général de Gaulle lui-même.
D’autant plus que nous espérions, comme l’a dit le F
Villard, obtenir que l’on ne poursuive pas les francs-maçons. Nous déclarions par cette lettre que la franc-maçonnerie cessait ses travaux. En fait, n’étaient-ils pas suspendus ? Nos Temples n’étaient-ils pas occupés ? […] Nous ne faisions donc qu’une concession de pure forme. »
Puis il raconte la suite des évènements « Dès que j’ai pu marcher avec mes deux cannes, je suis revenu chez moi. J’avais été perquisitionné. Dès le lendemain de mon arrivée, je me suis présenté à la Kommandantur d’Enghien pour dire que j’étais revenu. Je n’ai trouvé qu’un allemand qui ne connaissait pas beaucoup le français. Il n’a pas compris ce que j’ai voulu lui dire, car ceux qui avaient été chez moi venaient des services de la Gestapo. Quelques jours après, en allant à Paris, j’ai rencontré le concierge du GO, qui m’a dit : « Les Allemands vous cherchent et j’ai dit qu’on ne savait pas où vous étiez ». Je lui ai répondu : « Si vous les voyez, dites que je suis rentré à mon domicile, à Enghien. »
C’est alors que, pour la première fois, on m’a convoqué pour venir au GO, où j’ai vu qu’on emportait des archives et les portraits des présidents du Conseil de l’Ordre. On m’a soumis à un premier interrogatoire, puis on est venu me trouver. J’ai vu un jour sept officiers allemands autour de ma table, avec lesquels j’ai longuement discuté. Ils m’ont trouvé dans ma maison modeste. La première chose qu’on m’a dite est ceci : « C’est ici votre château ? » On avait pensé que j’étais riche, comme la plupart des Grands-Maîtres de l’Europe.
Au contraire, on m’a vu chez moi dans mon existence très simple et seul pour organiser ma vie. J’aurais pu rester auprès de mes enfants ; j’étais infirme et âgé, cela aurait été une excuse de ne pas être revenu. Je suis revenu, j’étais là et je n’ai pas quitté mon domicile durant la guerre, sauf pendant les deux mois que j’ai passés à l’hôpital quand je me suis cassé ma seconde jambe. […] Un jour, on m’a dit « On a quelque considération pour vous, en raison de votre âge et de votre caractère. Mais ceux avec lesquels vous seriez en relation, gare à eux ! » […] Lorsqu’on m’a dit que Laval voulait me voir, y suis-je allé ? Je le connaissais ; jamais je n’aurais voulu lui parler. J’étais prêt à subir n’importe quel sort ; je ne me suis ni rendu à l’étranger ni caché. »

14 octobre 1945 : notre FLetavernier, délégué par notre Atelier […] donne un compte-rendu détaillé et brillant du Convent National du GODF de septembre 1945. Il insiste particulièrement sur les questions essentielles qui ont fait l’objet des débats au Convent., notamment l’approbation de la seconde partie du rapport moral concernant la période de juin 40 à août 44 dont « la lettre au Maréchal ».
Pour la petite histoire, sur 232 votants, il y eut 113 oui, 112 non, 1 blanc et 5 nuls. Le Livre d’Architecture donne la liste des délégués ayant voté oui ou non et le FLetavernier, présent, n’y figure pas ! Il a participé au vote suivant en demandant le renouvellement intégral du Conseil de l’Ordre et non par tiers comme le demandait Groussier.

Le 22 mai 1949, le TIFGroussier visite l’Étoile des Deux Pôles, dans le Temple de la rue Sylvestre-Lasserre. Il y revient le 29 mai 1950 pour la fête solsticiale. Lors de cette Tenue, le Secrétaire raconte : « Le TIF Goujard, membre du C de l’O […] rappelle que le Congrès de la Paix a adopté les Conclusions du Convent sur le Gouvernement mondial. Le TIF Groussier prend la parole et dit toute la joie qu’il a éprouvée à participer aux Travaux du Congrès où il a trouvé sympathie, union, activité, bonne harmonie et félicite tous les FF et il termine en exhortant tous les FFà pratiquer la Tolérance et à œuvrer pour les transformations qui s’imposent pour faire régner en ce monde une fraternité humaine. »

Et pour terminer cette longue Planche, ces belles paroles de notre FGroussier :
« La route du progrès est bordée de ronces déchirantes ; on y rencontre des obstacles qu’il faut contourner, des fondrières dans lesquelles on tombe. C’est sur cette route que l’humanité se dirige en tâtonnant. Sachons, mes FF, éclairer sa marche et, lorsque les anciens, leur tâche accomplie, partiront pour l’OrÉternel, que les jeunes reçoivent de leurs mains le lumineux flambeau de notre Idéal et qu’ils l’élèvent à leur tour, toujours plus haut, pour guider les humains vers le bonheur »

J’ai dit.

 
     
 
Le Temple Arthur Groussier, rue Cadet à Paris
[Le 4 octobre 1975, des FF de « L’Étoile des deux Pôles » ont travaillé dans ce Temple pour une Tenue commune avec les « Zélés Philanthropes » Orde Paris et « Les Amis Philanthropes Oméga 2 » Orde Bruxelles.]
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