SACRÉE ARCHITECTURE, ARCHITECTURE SACRÉE !
 
     
Le sujet étant très vaste, je présenterai les techniques architecturales venant de l’extérieur, comme base de départ, et celles développées pendant la construction des édifices sacrés en France. Pour moi, ces techniques reflètent au mieux l’évolution de l’architecture, fondement symbolique de l’instruction du Franc-Maçon.
Le terme architecture (en latin architectura), est issu du grec, c’est l’art de clore et de couvrir des lieux.
« L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière. Les ombres et les clairs révèlent les formes ; les cubes, les sphères, les cylindres et les pyramides sont les grandes formes primaires que la lumière révèle bien… » (Le Corbusier)

Depuis la plus haute antiquité, afin de donner un sens à son existence, l’homme estime que sa présence sur terre est le fruit d’une volonté divine, alors, il imagine une vie spirituelle après la mort. Cette croyance justifie l’aménagement de lieux sacrés, pour pratiquer des rituels en l’honneur de ses Divinités. La religion développe la foi, et relie les hommes entre eux ; il devient évident qu’à plusieurs il est plus facile de réaliser des ouvrages sacrés qu’individuellement.
Le pouvoir temporel donne les moyens d’une représentation du pouvoir spirituel, sensé dépasser la dimension humaine. L’imaginaire des bâtisseurs en fonction des différentes croyances va s’étoffer au cours du temps. Si la foi évolue, si les réalisations prennent de plus en plus d’importance, la croyance d’origine reste la même. Plus les sociétés se sédentarisent, plus elles se libèrent des contraintes naturelles. Alors, les hommes utilisent les forêts, dans lesquelles ils réalisent des clairières servant à l’aménagement de lieux de culte à ciel ouvert.
« On apprend plus dans les bois que dans les livres. Les arbres et les rochers vous enseigneront des choses que vous ne sauriez entendre ailleurs » Saint Bernard.

Simple enclos orné de totems divins, à l'époque archaïque, les temples ne vont cesser d'évoluer tout au long de l'Égypte antique. L’arbre étant le lien entre la terre et le ciel, ce symbole sera représenté par les colonnes des temples qu’ils soient en bois ou en pierre. Dans un premier temps, le temple se traduit par un empilage d’éléments de construction où l’équilibre des forces circule verticalement dans les colonnes pour atteindre le sol. C'est surtout le passage du bois à la brique en limon, puis de la brique en limon du Nil à la pierre, symbolisant le matériau d'éternité, qui révolutionnera l'architecture religieuse, et permettra la construction d'édifices imposants.
On peut considérer ce moment comme le démarrage de l’Architecture et la création des premières techniques d’empilage dans les constructions. Ces techniques seront utilisées pendant toute la période antique et jusqu’à la chute de l’empire Romain.

L’époque Egyptienne représente une période fondamentale de l’histoire de L’Architecture sacrée. En l’état actuel de nos connaissances, on date les premiers temples, de 3150 av J-C. (Unification de la haute et de la basse Egypte). Les constructions sont monumentales et de symétrie absolue. Elles utilisent la répétition d’éléments architecturaux. La géométrie et les corrections optiques accentuent la fuite des lignes. Elles augmentent l’effet de puissance et de grandeur, en créant l’illusion théâtrale.
Le temple égyptien est construit suivant un plan rectangulaire. Il comporte un sanctuaire le « Secos », lieu sacré impénétrable, placé à l’arrière de l’édifice, entouré de pièces de service. En avant, est accolée au sanctuaire, la grande salle des initiés, le « Naos » que précède une cour à portique où se tenaient les fidèles. Ces grandes salles, dites « hypostyles » comportent des travées de colonnes recevant des linteaux dits « architraves » et des dalles formant plancher.
Au centre de la salle hypostyle, les architectes surélèvent les colonnes souvent monolithes pour recevoir un éclairage latéral. Dans cette partie de l’édifice, elles sont coiffées de chapiteaux papyriformes évoquant une fleur de Papyrus à bouton ouvert. Dans les parties basses et ombragées, les colonnes sont coiffées de chapiteaux papyriformes à bouton fermé.
Toutes les faces des murs et des colonnes sont recouvertes de bas-reliefs et de hiéroglyphes.
A l’entrée du temple, se trouve un pylône aux faces légèrement inclinées, orné de mâts et percé d’une porte au centre. En avant du pylône, on découvre deux rangs de statues et d’obélisques ainsi qu’une avenue bordée de sphinx, servant aux processions et cérémonies qui se déployaient hors de la maison divine.
Avant l’époque grecque (360 av. J-C), l’accès du temple était interdit au peuple. Avec la dynastie des Ptolémée, pour des raisons politiques, est ajouté un 2ème mur d’enceinte, dont les faces couvertes de bas-reliefs racontent la vie et les conquêtes du Pharaon. Ce mur délimite alors un déambulatoire ouvert au peuple.
A l’époque Egyptienne, on utilise la voûte d’empilage ou encorbellement, composée de 2 éléments de pierres en porte-à-faux, qu’un linteau réunit dans la partie supérieure. L’avènement du christianisme mettra fin à cette longue période d’évolution architecturale.
Je ne peux pas clore l’époque Egyptienne sans parler du temple de Salomon (10ème siècle avant J-C)
Cette construction trouve ses origines dans la tente des nomades abritant les tables de la loi. David, qui veut asseoir son pouvoir, décide d’utiliser la religion pour unifier les douze tribus d’Israël et valoriser le dieu unique. Il achète un terrain, mais il meurt avant la construction, ayant pris soin de charger Salomon de réaliser ce rêve. Salomon fait venir des bâtisseurs de pays plus évolués qui apportent avec eux la maîtrise des proportions et du nombre d’or. Vous connaissez la suite…

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L’évolution architecturale est directement liée aux périodes de calme politique. Tant que David est occupé à pacifier et réunir les tribus, il ne peut pas entamer une construction durable. Et ce phénomène se répète à toutes les époques.
Les architectes grecs ne furent pas vraiment novateurs dans la technique, mais ils surent amener l’art architectural aux approches de la perfection.
Après avoir puisé une partie de leur savoir chez les Egyptiens, ils vont à leur tour marquer une étape importante en architecture. Ils développent une époque riche au niveau culturel, scientifique, philosophique et politique, ayant pour effet d’affiner la géométrie et la maîtrise des proportions.
Ils utilisent les corrections optiques conduisant aux techniques de la perspective.
Cela s’observe dans la réalisation des colonnes, n’étant plus verticales pour donner un effet de parallèles. Les gradins recevant les colonnes forment une ligne courbe, donnant un effet horizontal. Conséquence, avec les grecs l’Architecture s’enrichit de trois ordres de référence, encore utilisés de nos jours: Dorique, Ionique et Corinthien.
Un ordre est synonyme d’harmonie, il se compose d’un soubassement, d’une colonne et d’un entablement subdivisé en : architrave, frise et corniche.
L’ordre dorique est un ordre sévère. Son chapiteau, de forme circulaire, est composé d’une moulure appelée « échine » figurant parfois un demi-cœur.
L’ordre ionique se remarque par un chapiteau orné de volutes opposées qui animent son étonnante parure. Cet ordre bien qu’élégant, pose un problème esthétique dans les angles, ce qui pousse les bâtisseurs à réaliser des chapiteaux à base angulaire.
L’ordre corinthien, quoique rarement utilisé chez les grecs, ne diffère du ionique que par un chapiteau en forme de corbeille, enveloppée de feuilles d’acanthe.
Pour lier les éléments de pierre entre eux, les bâtisseurs vont utiliser des goujons de fer, de cyprès ou sycomore. Contrairement aux égyptiens, la couverture des bâtiments utilise des matériaux de petite taille comme les tuiles d’argile cuite, ou de marbre.

Pour la petite histoire, les grecs ont pour ennemi principal, les perses. Les grandes cités hellènes s'associent pour lutter contre l’ennemi et créent ce que les historiens appelleront la ligue de Délos. Un trésor de guerre d’importance est constitué et Périclès, qui cherche par tous les moyens à étoffer le prestige d’Athènes, récupère le fameux trésor en 454 avant J-C.
Il détourne carrément les fonds nécessaires à son ambitieux plan de construction centré sur «l'Acropole de Périclès », plan qui comprend les Propylées et le Parthénon pour commémorer les guerres médiques, puis la statue d'Athéna, sculptée par son ami Phidias. Le Parthénon n’est donc que le résultat du plus fameux détournement de fonds connu de l’antiquité, pour le plus grand bonheur des corporations de bâtisseurs de l’époque.

Le Parthénon reste le temple le plus représentatif et le plus abouti de l’architecture grecque : construit suivant un plan rectangulaire par l’architecte Ictinos 449 et 438 av. J-C.
A l’entrée, entre les colonnes, on trouve le « Pronaos » suivi d’une salle le « Naos » avec la statue d’Athéna au fond devant un mur séparant la salle du trésor. Le temple est entouré de colonnes galbées à tambours superposés, ornées sur toute leur hauteur de cannelures à arêtes vives.
Les colonnes sont sans base attique posées à même la plate-forme, la « krépis » formant des gradins dont la hauteur est proportionnelle à la hauteur de l’édifice et non, au pas humain. Coiffant le haut de la colonne, on remarque un chapiteau dorique sur lequel viennent s’appuyer les architraves. Sur ces architraves, repose une frise composée de triglyphes, figurant l’about des poutres perpendiculaires des temples en bois. Des métopes ornées de bas-reliefs comblent les espaces entre les triglyphes. Par-dessus la frise, une corniche en porte-à-faux reçoit la couverture.
Sur la face avant et arrière du monument, au-dessus de la corniche, on remarque un fronton recevant un tympan sculpté.
Certains écrivains considèrent la civilisation grecque ancienne comme un continuum jusqu'à l'avènement du christianisme au IIIème siècle ap. J-C.
Les romains reprendront le savoir-faire grec dans leur architecture sacrée, usant largement du style Corinthien. On peut noter cependant, l’utilisation à grande échelle de la voûte appareillée, qui aura des répercussions sur les siècles à venir. Vitruve, architecte romain, rédigera le traité « De Architectura » dédié à l’empereur Auguste, dans lequel il réunira d’une manière cohérente le vaste trésor d’expériences et de connaissances, accumulé avant lui par les bâtisseurs.
A la chute de l’empire romain, le monde chrétien bascule dans une période agitée et peu propice à l’évolution de l’architecture sacrée.

parthenon

plan

ordres
Old Roman Chant
In splendoribus Sanctorum

cluny cluny

chevet senanques

Sénanque

Au début de l’époque mérovingienne, Saint-Benoît (480-547), dont un chroniqueur dira plus tard qu’il était « savamment ignorant et sagement instruit », établit une règle stricte. Elle donnera naissance en 529, à l’ordre des bénédictins, présent encore de nos jours. Il faudra attendre l’époque Carolingienne et après le règne de Charlemagne (771-814), pour que l’Europe se partage, et retrouve le calme.
Ce qui va permettre à l’ordre des bénédictins de devenir un moteur de foi et de spiritualité, et de se lancer dans une évolution architecturale sans précédent.
Il faut construire la référence de départ.
La première version de Cluny voit le jour en 927. Après une seconde abbaye, la version définitive, débutée en 1088 sera consacrée en 1130. Ce sont les vestiges encore visibles de nos jours. Vers le 11ème siècle, des bénédictins par trop éloignés de la règle de Saint-Benoît, vivent dans la richesse, et réalisent des projets trop orgueilleux. L’abbaye de Cluny pouvait recevoir jusqu’à 1000 moines. (Longue de 187 m, 150 m pour l’église, dont 68 m pour la nef et 37 m pour l’avant nef).
Cette attitude arrogante provoque une scission. Robert de Molesme reprend la règle originelle de St Benoît, et fonde l'abbaye de Cîteaux en 1098 donnant naissance à l’ordre Cistercien. En 1115, Bernard de Fontaine rejoint Thomas Harding abbé de Cîteaux. Bernard, remarqué pour son esprit brillant, est nommé abbé de Clairvaux. Il portera alors le nom de Bernard de Clairvaux. Il ajoute à la règle de Saint Benoît, des normes architecturales précises à destination des futures abbayes cisterciennes issues de Clairvaux.
L’art roman est directement issu de l’architecture romaine, utilisant la voûte appareillée en plein-cintre, pour créer les voûtes d’arête et d’arc de cloître. Cette technique engendre des poussées latérales importantes. La masse des murs et des voûtes a une fonction structurelle. On assiste à l’avènement de la trompe, pour passer du plan carré à la coupole hexagonale (de chaque côté du chevet de Sénanque) et du pendentif pour passer du plan carré à la coupole sphérique (Périgueux), ces deux éléments sont d’origine byzantine 6ème siècle. Le carré intervient souvent comme base géométrique du plan, s’intégrant dans une forme de croix latine, délimitée par des murs massifs recevant la poussée des voûtes. Le carré est alors considéré comme le symbole de la connaissance secrète de la matière. Les ouvertures sont peu nombreuses et de dimensions réduites.
Les cisterciens doivent vivre en autarcie complète. Pour cela, ils implantent leurs abbayes dans des lieux naturels, pouvant répondre à leurs besoins vitaux. Ils sont végétariens, ce qui leur impose de construire des bassins de pisciculture à proximité de leurs abbayes. Leur règle exige une dimension moyenne et un aménagement identique de tous leurs lieux de culte, avec une ornementation végétale. L’architecture Cistercienne est remarquable, elle joue sur des effets d’ombres et de lumières pénétrant par de petites baies, dans des volumes à échelle humaine.
Le plan de leur édifice est également composé d’un carré de base, de ses multiples et de ses sous- multiples, créant une harmonie remarquable dans la réalisation. L’abside placée derrière le cœur comporte toujours trois fenêtres (non grillagées !) rappelant l’attachement de l’ordre au principe de la Sainte Trinité.
Mais les clunisiens vont plus loin. A Cluny, la nef comportait onze travées. Elle s'élargissait par des collatéraux doubles. Son élévation à trois niveaux était couverte par une voûte brisée, soutenue par des arcs doubleaux. A l'extérieur, on pouvait observer la présence de contreforts évidés, ce qui est tout à fait exceptionnel pour une église romane et annonce, dès le 12ème siècle, l’avènement du gothique.

Cluny - La Vierge - Templum Pudicie
Pierre le Vénérable
De retour des premières croisades, les croisés reviennent avec de nouvelles connaissances, (techniques de construction, et maîtrise de la science géométrique).
Le 12ème siècle ouvre une ère architecturale nouvelle, riche de découvertes. Les bâtisseurs ont maintenant les outils nécessaires pour donner à l’architecture une dimension divine.
Ils possèdent la foi issue des règles monastiques, les techniques de la structure, et surtout l’outil géométrique permettant de proportionner les volumes, de dompter l’équilibre de l’édifice en faisant cheminer les forces de poussée des voûtes dans des endroits précis de la construction.
La période gothique va durer environ 350 ans. Pendant cette durée en Europe, le volume de pierre mis en œuvre sera supérieur au volume utilisé en Egypte pendant 3000 ans.
Le gothique primitif (~1140 à 1190) se dessine essentiellement à travers deux édifices : la basilique de Saint-Denis avec son double déambulatoire et les croisées d’ogives, la cathédrale de Saint-Etienne de Sens et sa voûte sexpartite.
On distingue ensuite 3 périodes: Le gothique lancéolé XIIIème siècle, le rayonnant XIVème et le flamboyant XVème.
Le gothique lancéolé (~1190-1250) avec ses voûtes barlongues et ses baies en lancettes : au Nord de la France avec Notre-Dame de Chartres et Saint-Etienne de Bourges.
L'origine du gothique rayonnant (~1250 -1375) peut être située à Paris, à la suite des travaux de la basilique de Saint-Denis. La réalisation des murs de verre prend toute son importance avec la Sainte Chapelle.
Notre-Dame d’Amiens, Notre-Dame de Reims ou Saint-Pierre de Beauvais, prennent immédiatement en compte cette évolution et changent partiellement leur plan. C'est à cette époque que la rose devient vraiment un élément incontournable du décor.
Le gothique flamboyant (~1375-1500) avec ses décors exubérants, s’épanouit en Normandie (Saint-Maclou de Rouen, Saint-Germain l'Auxerrois, Saint-Etienne du Mont).
Le gothique se caractérise essentiellement par une structure de pierre autoportante.
Les murs comme les voûtes, sont relégués au stade de remplissage. Ils perdent leur fonction structurelle, ce qui va permettre de remplacer la pierre par des vitraux au niveau des murs. La lumière a une importance capitale : elle traverse des vitraux composés de scènes bibliques et de l’histoire du peuple, faisant office de livres ouverts.
La technique du gothique va libérer les bâtisseurs au niveau de l’expression architecturale. Elle permet de construire de plus en plus haut et d’affiner les éléments portants en les contreventant dans tous les sens. La structure ou squelette reste visible, elle devient le support à toute imagination et création esthétique. Elle s’affranchit des techniques antiques, elle développe sa propre identité. A cette époque, on voit évoluer, simultanément, différents styles, selon les écoles.
Plus on avance dans le temps, plus l’art gothique s’enrichit jusqu’à se dépouiller totalement du chapiteau.
Les organes primordiaux structurels du gothique sont l’arc brisé qui réduit sensiblement les poussées latérales des voûtes, et, l’arc-boutant, traduction du contrefort roman, parfois noyé dans la construction. Plus le mur s’éclaircit plus le contrefort devient saillant, étayant les voûtes sur croisées d’ogives.
L’arc-boutant apparaît ainsi, par nécessité, 50 ans après leur construction, à Notre-Dame de Beaune, Saint-Lazare d’Autun et Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay qui menaçaient de s’écrouler. La croisée d’ogives apparaît en Normandie.
Vers la fin du XVème siècle, on voit se développer la clef pendante, suspendue à la voûte principale, servant de lien pour soutenir dans le vide, 2 voûtes secondaires.
La cathédrale Notre-Dame de Strasbourg démarrée en 1015 crée une structure particulière pour gérer sa construction et son entretien : l’œuvre Notre-Dame mentionnée dès 1246 existante encore de nos jours. L’œuvre Notre-Dame est chargée d’organiser les interventions des corps de métiers œuvrant sur le chantier et de collecter des fonds pour la poursuite de l’ouvrage.
Elle devient référence pour toutes les cathédrales édifiées dans l’est de l’Europe.
Commencées en 1015, ses fondations uniques au monde ne furent achevées qu'en 1028, treize ans après le début des travaux. Il s’agit d’un socle de limon et d’argile renforcé par des pieux en bois. C’est une technique antique qui permet de créer une sorte de semelle stable sur laquelle va s’élever la maçonnerie des fondations.
Terminée en 1439, la flèche de la tour nord culmine à 142,11 mètres au-dessus du sol, et c'est la plus haute flèche construite au Moyen-Âge de nos jours encore présente.
Notre-Dame de Strasbourg est une des seules grandes cathédrales de France dont la tour nord est dotée d'une flèche, typique de l'architecture germanique.
On peut noter que la flèche représentait alors, un élément de prouesse de construction, avec lequel les bâtisseurs cherchaient à rivaliser, dépassant parfois les 160 m.
Vers le XIIIème siècle, l’avènement du marteau pilon hydraulique va faire évoluer le travail du fer qui va devenir un matériau pour les liaisons de grande dimension : chaînage pour ceinturer l’ensemble de l’édifice, tirant pour relier les parties fragiles à l’édifice, raidisseur pour renforcer les vitraux, exemple : Saint-Pierre de Beauvais.
En Angleterre, la chapelle du King’s Collège de Cambridge, terminée sous le règne d'Henry VIII (1485/1515), affiche une longueur de 88 m et une largeur de voûte 12 m. Sa hauteur intérieure est de 24 m. Sa voûte en éventail est la plus grande au monde.
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Cambridge King's College

chartres saintdenis

Chartres et Saint-Denis

sexpartite longue
Voûte sexpartite et barlongue


Johannes Okheghem
Missa Prolationum - Kyrie

 


Hymne des Architectes
Le pompier

Généralement ambitieuse, la construction de ces cathédrales gothiques s’est souvent terminée tardivement, au 19ème siècle (dôme de Cologne).
L’époque renaissance utilise les techniques gothiques auxquelles elle adjoindra certaines techniques italiennes. L'époque classique versée dans la redécouverte de l’antiquité, ne développe pas de nouveauté architecturale. Le style baroque qui envahit les églises est surtout remarquable pour son ornementation. L’époque romantique voit fleurir un engouement pour la redécouverte du gothique avec le style néogothique et les restaurations entamées par Viollet-Le-Duc. On peut même signaler la mise en route du projet de 2013 de reconstruction de la flèche Nord de la basilique de Saint-Denis, à l’instar des grands chantiers de validation des techniques médiévales comme : Guédelon ou dans un autre domaine, la reconstruction de l’Hermione.

Bien que nos sociétés actuelles soient dépouillées de leur substance spirituelle et symbolique, il est encourageant de remarquer l’intérêt porté à l’architecture sacrée au travers des restaurations. On constate aujourd'hui en Europe, la construction de nombreuses mosquées. Une nouveauté dans l’histoire de France. Pourrons-nous dans cinq cent ans, les comparer aux superbes mosquées de Turquie ou d’Espagne qui ont enrichi le paysage sacré. Quelle foi reste-t-il aux chrétiens pour continuer d’étoffer la richesse de l’œuvre commencée ? D’une manière inconsciente, le matérialisme, l’individualisme, voire même, la laïcité n’ont-ils pas vidé la force de création des bâtisseurs de sa substance ?
L’architecture reste pour moi une notion d’assemblage intelligent et raisonné. Chaque élément constituant l’édifice garde son identité et sa liberté d’être. Tout en laissant sa trace, le remplacement d’un élément n’affecte pas l’ensemble de l’ouvrage, comparable en ceci, à une assemblée de maçons en loge.
Je ne peux clore ce travail sans vous faire écouter un refrain de l’hymne des architectes (le pompier) que l’on chantait à l’école des beaux-arts à la fin d’une valeur.
Nous avons dit
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saintdenis
     
Pour mémoire :
Cathédrale d’Aix-la-Chapelle appelée souvent la « cathédrale impériale » style Carolingien (Byzantin) et Gothique fief de Charlemagne la plus vieille d’Europe sa construction 786 – XVème siècle Construction de la tour au XIXème siècle.
Cathédrale Saint-Front de Périgueux, style Roman Byzantin sa construction 976 – consacrée en 1047. Entre 1760 et 1764, les coupoles, qui étaient en très mauvais état, furent recouvertes d'une charpente habillée d'ardoises. (5 coupoles sur pendentifs).
Cathédrale Notre-Dame de Paris sa construction 1163 – 1345 restaurée au 19ème siècle par Viollet-Le-Duc
Cathédrale Notre-Dame de Reims sa construction 1211 – 1275
Cathédrale Sainte-Croix d’Orléans sa construction 1288 – 14ème siècle, puis reconstruction 1601 – 1829.
Gothique vient de l’italien Gotico, qui signifie barbare, il est utilisé pour la 1ère fois par le peintre Raphaël au début du 16ème siècle. Au 19ème siècle on dira L’Art-gothique.

Le moulin hydraulique est connu depuis l’antiquité, au 12ème et 13ème siècle on l’utilise dans différents domaines. Sur toutes les rivières il y avait un moulin hydraulique, 68 à Paris.
L’invention de l’arbre à came au Xème Siècle, puis au XIIIème siècle on l’utilise pour animer des machines : (marteaux utilisés dans le foulage des draps, marteaux pilons dans les forges). Il anime les soufflets de forges et les hauts fourneaux. Il permet de transformer le mouvement rotatif en alternatif à l’usage de scies avec avance automatique ce qui permettra la fabrication industrielle de planches. Ces types de scies seront en usage jusqu’au 20ème siècle. L’invention de ces utilisations est attribuée à l’ingénieur Villard de Honnecourt entre 1225 à 1250 et dont beaucoup de dessins techniques seront repris par Léonard De Vinci.

Cette planche est le fruit d’une collaboration avec ma Sœur A…e, qui, ne pouvant être présente, participe à sa manière aux 10 ans de notre rencontre.